mardi 4 décembre 2012

L'économie canadienne manque de souffle

La croissance de l'économie canadienne s'est atténuée au troisième trimestre, selon Statistique Canada (SC). La Banque du Canada demeure toutefois optimiste quant à ses perspectives de croissance. Pourtant, les feuilles de thé que sont les indicateurs avancés, laissent présager une faible croissance de l'activité économique au cours des prochains mois.

Le 30 novembre, SC nous indiquait que le PIB canadien n'a crû que de 0,1 % (0,6 % en taux annuel) au troisième trimestre de 2012, un ralentissement prononcé par rapport à la croissance déjà modeste des premier et deuxième trimestres.

Dans son communiqué du 4 décembre, la Banque du Canada «...s'attend à ce que la croissance s'accélère au cours de 2013.» On peut cependant mettre en doute cette prédiction. L'indice des indicateurs avancés de l'Institut Macdonald-Laurier a peu progressé ces derniers mois (0,2 % en octobre et en septembre, et 0,1 % en août), selon le communiqué émis par cet institut le 28 novembre. Cela laisse présager une croissance plutôt lente. L'indice équivalent de l'OCDE pointe vers une stabilisation de la croissance à un niveau inférieur à la tendance de long terme de l'économie canadienne. En outre, l'Indice PMI RBC, publié le 3 décembre sur le site Internet de Markit Economics, indique que l'activité dans le domaine de la fabrication était en novembre tout juste au-dessus de la ligne de démarcation entre l'expansion et la contraction. Le sous-indice des nouvelles commandes ne signale pas d'amélioration à court terme.

En octobre dernier, la Banque du Canada prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire que le PIB canadien croîtrait de 2,2 % en 2012 et de 2,3 % l'an prochain. Ces projections seront vraisemblablement révisées à la baisse dans l'édition de janvier prochain de ce rapport.


On peut commencer à se demander si, sans coup de barre de sa banque centrale, le Canada ne se dirige pas vers une période de stagnation des prix ou même de déflation. La progression des prix est assez faible ces temps-ci, et le scénario de croissance lente des économies mondiale et canadienne pourrait contribuer à atténuer encore davantage la progression des coûts et des prix. Rappelons que le déflateur du PIB (indice des prix des biens et services produits au Canada) a stagné au premier trimestre de cette année, qu'il a légèrement diminué au deuxième, mais qu'il a, par contre, augmenté au troisième. Quant à l'indice des prix à la consommation, son évolution sur douze mois se rapproche de la borne inférieure de l'intervalle de confort de la Banque du Canada; cet intervalle se situe entre 1 % et 3 %, l'objectif recherché étant un taux d’inflation de 2 %.

 

Plusieurs se demandaient, il y a quelques mois, si le Canada ne souffrait pas du mal hollandais. Doit-on maintenant s'interroger sur la possibilité qu'il contracte le mal japonais? Admettons que ce n’est que spéculation pour l'instant, mais en ces temps de morosité sur le plan économique, on ne peut négliger l’analyse de son occurrence potentielle.

 

Au traditionnel message de la Banque du Canada quant à  l’éventualité «…d’une réduction modeste de la détente monétaire…», n’est-il pas temps d’ajouter aussi la possibilité d’un plus grand assouplissement monétaire pour permettre à l’économie d’aller chercher un second souffle? Il est probablement difficile pour la Banque d’aller dans ce sens puisqu’elle ne publie qu’un scénario de référence et qu’il pointe vers une accélération de la croissance. Si elle publiait en plus un scénario à la baisse de la croissance, il lui serait moins difficile d’aborder l’éventualité d’une plus grande détente monétaire, comme le font d’ailleurs d’autres banques centrales. Dans son rapport trimestriel, elle se limite à présenter des risques à la hausse et à la baisse quant aux perspectives d’évolution de l’inflation, ce qui n’est pas suffisant dans le contexte d’incertitude que l’on connaît. 

mardi 27 novembre 2012

Perspectives de croissance modeste de l'économie mondiale

Les perspectives de croissance de l'économie mondiale sont loin de s'améliorer ces temps-ci. L'OCDE a publié le 27 novembre ses plus récentes perspectives. Ses économistes ne prévoient qu'une progression de 2,9 % de l'activité économique mondiale en 2012 et de 3,4 % en 2013. Ce n'est qu'en 2014 qu'il y aurait une croissance importante du PIB mondial, soit 4,2 %, selon cet organisme.

Un peu plus tôt en novembre, le Conference Board prévoyait une croissance du PIB mondial de 3,2 % cette année et de 3,0 % l'an prochain. En octobre dernier, le FMI l'estimait respectivement à 3,3 % et 3,6 %. Il ne faut pas s'arrêter aux écarts dans les pourcentages des prévisions, mais plutôt au message global de morosité et de faiblesse de la croissance, notamment chez les économies développées.   

Trait commun de ces perspectives, ce sont les économies émergentes qui contribueront le plus à la croissance. Autres points de convergence : les préoccupations quant à la situation économique en Europe et les risques qu'elle ne se détériore encore davantage, ainsi que les conséquences d'un éventuel échec des discussions au Congrès américain en vue d'en venir à une solution à ce qu'il est convenu d'appeler le précipice fiscal à compter du début de 2013.

mardi 20 novembre 2012

Japon : les espoirs de consolidation de la reprise s'estompent

La Banque du Japon a, sans surprise, décidé le 20 novembre de maintenir sa politique agressive d'assouplissement monétaire, et pour cause : l'économie de ce pays s'est contractée au troisième trimestre (-0,9 %) et les indicateurs avancés de son évolution pointent vers le bas. En outre, la déflation est encore bien présente au pays du soleil levant.

Le troisième trimestre de cette année est le cinquième en huit où le Japon affiche une baisse de l'activité économique. Le premier trimestre de 2012 avait pourtant été exceptionnel sur le plan de la croissance (1,3 %), mais il a vite été suivi par une stagnation (0,1 %) au deuxième.

Quant aux perspectives à court terme, elles sont loin d'être réjouissantes. Les indices des indicateurs avancés du Japan Cabinet Office (19 novembre) et du Conference Board (13 novembre) affichent une tendance à la baisse depuis le printemps dernier, ce qui laisse croire que le fléchissement de l'activité économique se poursuivra. L'indice équivalent de l'OCDE donne des perspectives moins sombres pointant plutôt vers une faible croissance.

Le FMI prévoyait en octobre dernier une croissance de 1,2 % au Japon en 2013. L'intervalle des prévisions des organismes consultés par The Economist se situe entre 0,1 % et 1,8 % (réf. : édition du 10 novembre). Le Conference Board est parmi les optimistes, ou les moins pessimistes, : 1,6 %.

Mise à jour du 27 décembre : Le 10 décembre, le Japan Cabinet Office a confirmé que le PIB japonais s'était contracté de 0,9 % au troisième trimestre. L'estimation du deuxième trimestre a été revue légèrement à la baisse (diminution de 0,03 % de l'activité au lieu d'une croissance de 0,1 %). Ainsi, le troisième trimestre était le sixième en huit où il y a eu contraction ou stagnation de l'activité. En outre, les indicateurs avancés du Conference Board (11 décembre) et du Japan Cabinet Office (19 décembre) signalent que le ralentissement va se poursuivre au cours des prochains mois. Ces perspectives moroses ont amené la Banque du Japon (20 décembre) à accroître son degré de détente monétaire en augmentant encore ses cibles d'achats d'actifs financiers. En outre, le nouveau gouvernement japonais a décidé le 26 décembre d'augmenter ses dépenses budgétaires pour stimuler l'économie. Il souhaite aussi que la Banque du  Japon hausse de 1,0 % à 2,0 % par année sa cible d'inflation.



mercredi 14 novembre 2012

Québec : croissance anémique

Les perspectives de croissance de l'économie québécoise sont loin de s'améliorer ces temps-ci. Les indicateurs avancés de son évolution et le contexte international laissent présager que la période de croissance faible se poursuivra au cours des prochains mois.

L'Indice précurseur Desjardins bouge peu depuis quatre mois, selon l'analyse et les données publiées le 14 novembre sur le site Internet de Desjardins. Cela annonce une quasi stagnation ou une faible progression de l'activité économique. Les plus récentes données de cet indice sont celles de septembre dernier. Or, viennent s'y ajouter une baisse des mises en chantier de logements en octobre, ainsi qu'une tendance à la baisse des prix des métaux industriels, dont l'aluminium. Le secteur manufacturier aurait poursuivi sa progression en octobre, mais celle-ci fléchit depuis quelques mois, si l'on se base sur l'indice PMI RBC (enquête mensuelle auprès des gestionnaires d'approvisionnement), publié le premier novembre sur le site Internet de Markit Economics. Par contre, les prix du bois de construction se raffermissent depuis quelques semaines en raison de la reprise de la construction résidentielle aux États-Unis, ce qui est de bon augure pour plusieurs communautés en région où l'activité économique est liée à l'industrie du bois d'oeuvre.

Ce scénario de croissance léthargique devrait normalement inciter les autorités gouvernementales à adopter des mesures de stimulation de l'économie. Toutefois, il semble que le Budget québécois du 20 novembre mettra l'accent sur des mesures visant à  contenir ou à amoindrir le déficit, plus élevé que prévu antérieurement, des finances publiques. Qui sait? Il y aura peut-être des surprises. Le dicton : «Ceux qui parlent ne savent pas; ceux qui savent ne parlent pas» est bien de circonstance à la veille des Budgets.

Mince consolation : ces perspectives sont meilleures que celles prévues pour l'Europe. Elles sont cependant inférieures à celles des autres provinces canadiennes prises globalement.

Mise à jour du 22 novembre : Le Plan budgétaire 2013-2014, présenté en document d'accompagnement du Discours sur le Budget du 20 novembre, comporte une révision à la baisse des perspectives de croissance économique du Québec. Ainsi, la croissance du PIB est estimée à 0,9 % en 2012, 1,5 % en 2013 et 2,0 % en 2014. En outre, l'Institut de la statistique du Québec a indiqué aujourd'hui que le PIB du Québec n'a crû que de 0,8 % au cours des huit premiers mois de 2012 par rapport à la période équivalente en 2011.

jeudi 8 novembre 2012

Zone euro : pas de reprise économique avant 2014

L'économie de la zone euro poursuit sa descente, et les indicateurs avancés de son évolution ne permettent pas d'envisager une reprise de l'activité au cours des prochains mois. Que ce soient l'indice des indicateurs avancés du Conference Board (26 octobre), l'indice composite PMI Markit (6 novembre) ou l'Economic Sentiment Indicator de la Commission européenne (30 octobre), ils mettent en évidence le fléchissement de l'économie, sans véritable espoir de s'en sortir dans un horizon de court terme. Mince consolation, sa contraction n'est pas aussi prononcée qu'en 2008-2009, du moins pour l'instant.

La Commission européenne a publié le 7 novembre ses prévisions économiques. Elles mettent l'accent sur la fragilité de l'économie de la zone euro. Après une contraction de 0,4 % en 2012, elle passerait par un long creux en 2013 (hausse anémique de 0,1 % du PIB), pour amorcer ensuite une reprise lente et graduelle en 2014 (augmentation de 1,4 % du PIB).

Dans un tel contexte, le marché du travail continuera de se détériorer pendant encore un certain temps. En outre, les autorités publiques disposent de peu de marge de manoeuvre pour stimuler l'économie.

mercredi 7 novembre 2012

Faible expansion de l'économie mondiale

Le JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, publié le 6 novembre sur le site de Internet de Markit Economics, signale de nouveau que l'expansion de l'économie mondiale manque de dynamisme ces temps-ci. Le sous-indice des nouvelles commandes laisse croire que cette tendance se poursuivra.

Ce coup de sonde mensuel auprès des gestionnaires d'approvisionement des entreprises à travers le monde s'avère un bon indicateur précurseur de l'évolution à court terme du PIB mondial.


Détails à : http://www.markiteconomics.com/Survey/Page.mvc/home


Mise à jour du 12 novembre : Les indices des indicateurs avancés de l'OCDE, publiés aujourd'hui, laissent aussi présager une croissance faible de l'économie mondiale au cours des mois à venir.

Détails à : http://www.oecd.org/std/leadingindicatorsandtendencysurveys/compositeleadingindicatorsclisoecdnovember2012.htm

En outre, l'enquête d'octobre dernier de Markit Economics auprès des gens d'affaires dans le monde révèle que leur confiance était à son plus bas en trois ans. Les résultats sommaires de cette enquête sont disponibles sur le site de Markit.

jeudi 11 octobre 2012

Économie mondiale : détérioration des perspectives de croissance

Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé de nouveau à la baisse ses perspectives de croissance de l'économie mondiale. Dans ses perspectives semi-annuelles, publiées le 9 octobre, le FMI prévoit une croissance de 3,3 % du PIB mondial en 2012 et de 3,6 % en 2013. Ces taux sont ramenés respectivement à 2,6 % et 2,9 % lorsque le poids relatif des pays dans l'économie mondiale est estimé à partir des taux de change aux prix du marché plutôt qu'en parité de pouvoir d'achat, l'importance relative des pays émergents étant ainsi diminuée.

En outre, le  scénario du FMI retient deux hypothèses importantes qui peuvent apparaître comme des actes de foi : les pays de la zone euro s'activeront et réussiront à améliorer les conditions financières, notamment celles offertes aux pays de la périphérie, et les États-Unis en viendront à un compromis pour amoindrir l'impact du précipice fiscal (hausse des impôts et coupures budgétaires à compter du début de 2013).

La révision à la baisse des projections de croissance est généralisée aux économies avancées et aux économies émergentes. Toutefois, la principale source de faiblesse provient, sans surprise, de la zone euro et du Royaume-Uni.

À ceux qui s'inquiètent d'une résurgence de l'inflation en raison des mesures d'assouplissement monétaire, le FMI vient offrir un peu de réconfort. Selon son scénario de référence, l'inflation ne serait que l'ombre d'elle-même du moins à court terme. La désinflation se poursuivrait donc en 2013.   

lundi 8 octobre 2012

Économie américaine : croissance anémique à l'horizon


Le rythme de croissance de l'économie américaine a été plutôt modeste aux deuxième et troisième trimestres de cette année, et les indicateurs avancés de son évolution laissent présager qu'elle sera anémique au cours des prochains mois. Rien de bien réjouissant pour la première économie mondiale ces temps-ci, bien que mieux qu’en Europe.

Au deuxième trimestre, l'économie américaine n'a crû que de 1,3 % en rythme annuel, selon les données publiées le 27 septembre. Le Chicago Fed National Activity Index, publié le 24 septembre, laisse supposer que l'activité économique a progressé à un rythme encore plus lent au troisième trimestre. Le coup de sonde mensuel auprès des gestionnaires d'approvisionnement des entreprises (les indices PMI) vient corroborer cette estimation, notamment pour les mois de juillet et août.

Quant aux indicateurs avancés, ils pointent vers une croissance faible au cours des prochains mois. L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice du Conference Board va dans ce sens. Ce sont les indicateurs financiers de cet indice qui viennent limiter la décélération de sa croissance. Les nouvelles commandes manufacturières progressent peu, mais tout de même elles augmentent, selon le Markit US Manufacturing PMI et le Manufacturing ISM Report on Business publiés le premier octobre. Quant aux  commandes de biens durables, elles étaient en baisse prononcée en août dernier, selon les données publiées le 27 septembre par le Département du Commerce.

Par contre, la construction résidentielle poursuivra sa reprise graduelle au cours des prochains mois, si l'on se base notamment sur les plus récents chiffres mensuels sur les permis de bâtir et les mises en chantier de logements. Le non-manufacturier, surtout les services, continuera son expansion, bien que modeste, selon le ISM Non Manufacturing Survey publié le 3 octobre.  La confiance des consommateurs s'est améliorée en septembre; en outre, elle est nettement plus élevée qu'à la même période l'an dernier, mais, elle est encore assez éloignée de ce que l'on observe normalement en période d'expansion soutenue. En outre, les investisseurs à la bourse ont fait preuve d'un bel optimisme quant aux perspectives tout au cours de l'été, si l'on se fie à l'évolution à la hausse du S&P500 et du DJIA depuis leur dernier creux atteint fin mai début juin derniers. Les marchés boursiers ont aussi obtenu ce qu'ils voulaient de la Réserve fédérale américaine lors de la réunion des 12 et 13 septembre de son Federal Open Market Committee (FOMC). Ces investisseurs  pourront désormais se concentrer sur l'évolution des indicateurs économiques et des résultats des entreprises au cours des prochaines semaines.

Le scénario de croissance faible de l'économie américaine vient appuyer le point de vue à l'effet que les mesures non traditionnelles de politique monétaire (l'assouplissement quantitatif phase 2 et l'opération Twist) n'ont pas insufflé un dynamisme durable à l'économie américaine. Tout au plus, elles auraient empêché un fléchissement encore plus prononcé de l'économie. Il reste à savoir si la troisième phase d'assouplissement (QE3), annoncée par la Fed le 13 septembre, aura un effet plus significatif, bien qu'il soit permis d'en douter puisque les conditions financières aux États-Unis, tenant compte de l'activité économique, étaient déjà relativement adéquates en septembre et auparavant si l'on se réfère au Adjusted National Financial Conditions Index (ANFCI) de la Chicago Fed. Ainsi, la Fed ne ferait qu'ajouter des liquidités avec ses mesures additionnelles sans que cela soit vraiment nécessaire. Par contre, elle ajoute une dose d'optimisme dans un monde où le pessimisme quant aux perspectives économiques abonde ces temps-ci. On ne peut négliger cet aspect.

Le 13 septembre pourrait bien avoir été le jour où la Fed a épuisé l'essentiel de ses options pour stimuler par la politique monétaire une économie en recherche de sources de croissance soutenue et suffisante pour améliorer le marché du travail.

Rappelons aussi l'effet à la baisse sur l'activité économique, au début de 2013, de ce qu'il est convenu d'appeler le précipice fiscal (hausse des impôts et coupures budgétaires), si aucun compromis n'est obtenu au Congrès d'ici la fin de l'année. Tout compromis ne ferait que transformer le précipice en pente abrupte étant donné l'impératif de trouver une solution durable au problème du déficit budgétaire américain. Il pourrait toutefois faire la différence entre une croissance anémique, s'il est obtenu, et une contraction de l'économie, en son absence, au premier semestre de l'an prochain. Il ne sera vraisemblablement obtenu qu’après les élections du début novembre, alors que les positions idéologiques et électorales seront moins campées, et qu’elles laisseront plus de place à une solution pratique.

 

mercredi 19 septembre 2012

Économie du Japon : ralentissement prononcé de la croissance

L'économie du Japon montre des signes de faiblesse ces temps-ci. Après un premier trimestre  de croissance exceptionnelle (5,5 % en rythme annuel) et un deuxième de progression modeste (1,4 % en rythme annuel), les indicateurs avancés de l'évolution de la troisième économie mondiale laissent présager un fléchissement important du rythme de croissance ces mois-ci et au cours des prochains. Les indicateurs précuseurs du Japan Cabinet Office, du Conference Board et de l'OCDE vont dans ce sens. Les effets des dépenses de reconstruction après le tremblement de terre et le tsunami de l'an dernier s'estompent déjà, et le secteur manufacturier japonais doit composer avec une demande internationale plutôt anémique.

Rien de surprenant alors à ce que la Banque du Japon ait décidé le 19 septembre de rendre encore plus accommodante sa politique monétaire. Elle l'avait déjà assouplie en février et en avril derniers. Mais, est-ce que ce sera suffisant pour atténuer le ralentissement économique? Qui sait aussi quel sera l'impact économique du différend territorial entre le Japon et la Chine, différend qui prend de l'ampleur ces jours-ci?

mardi 24 juillet 2012

Perspectives de l'économie américaine : son rythme d'expansion va encore ralentir

Le Chicago Fed National Activity Index, publié le 23 juillet, indique que l'économie américaine a connu, au mieux, une croissance modeste au cours des derniers mois; cette croissance est d'ailleurs bien en deça de sa tendance historique. Une première estimation du PIB américain au deuxième trimestre devrait permettre de valider ce résultat le vendredi 27 juillet.

Quant aux indicateurs précurseurs de l'évolution de l'économie américaine, ils laissent croire que son rythme d'expansion va encore s'atténuer au cours des prochains mois. Tant l'indice des indicateurs avancés du Conference Board (19 juillet) que le Markit Flash U.S. Manufacturing PMI (24 juillet) vont dans ce sens.

Le scénario de récession refait surface chez certains analystes, mais on n'en est pas encore là si l'on se fie aux indicateurs avancés. Toutefois, s'il n'y a pas de changements aux mesures fiscales et budgétaires qui entreront en vigueur début 2013, ce scénario pourrait bien se réaliser au début de l'an prochain.

Surveillons aussi ce que le FOMC de la Fed décidera de faire à sa réunion des 31 juillet et premier août. Plusieurs s'attendent ou espèrent des mesures additionnelles (ex. : QE3) de stimulation monétaire pour donner un nouvel élan à une expansion moribonde. Toutefois, la marge de manoeuvre sur le plan de la politique monétaire s'amenuise, tout comme l'efficacité éventuelle de toute nouvelle mesure. Cette politique est déjà particulièrement accommodante. En fait, les taux d'intérêt étant très bas, il est difficile d'avoir une force de frappe à cet égard. En outre, les conditions financières, dont les liquidités dans le système financier, semblent adéquates actuellement.

Par ailleurs, la réélection du Président Obama pourrait bien se jouer sur la question économique, le ralentissement de l'économie jouant en faveur de son adversaire républicain.

Mise à jour du 31 juillet : Le PIB américain n'a progressé que de 1,5 % en rythme annuel au deuxième trimestre. La croissance au premier trimestre a été légèrement révisée à la hausse, passant de 1,9 % à 2,0 %, selon les données publiées par le Département du Commerce le 27 juillet. Quant aux consommateurs, ils demeurent relativement peu enthousiastes quant à leurs anticipations de l'évolution de l'économie si l'on se fie aux résultats des enquêtes mensuelles de l'Université du Michigan (27 juillet) et du Conference Board (31 juillet).

mercredi 18 juillet 2012

La conjoncture internationale pèse sur les perspectives de l'économie canadienne

La Banque du Canada vient de réviser à la baisse ses projections de croissance de l'économie canadienne en raison principalement de la conjoncture internationale. Selon son Rapport sur la politique monétaire publié le 18 juillet, le PIB canadien croîtrait de 2,1 % cette année et de 2,3 % en 2013. Ces estimations vont dans le même sens que celles publiées le 16 juillet par le FMI, et elles rejoignent aussi la moyenne des prévisions des organismes consultés mensuellement par The Economist (édition du 7 juillet).

La Banque continue d'avoir des difficultés avec ses prévisions trimestrielles de l'évolution de l'économie canadienne (voir à ce sujet mon commentaire du 19 janvier dernier). À titre d'exemple, en avril dernier, elle estimait que le PIB canadien avait crû de 2,5 % au premier trimestre de cette année et qu'il augmenterait au même rythme au deuxième trimestre. Cette fois-ci, la croissance pour ces deux trimestres a été ramenée respectivement à 1,9 % et 1,8 %. Il faut dire que le fait de publier ses projections trimestrielles en rythme annuel vient automatiquement gonfler les écarts.

La Banque affirme de nouveau qu'elle souhaite réduire modestement la détente monétaire dès que les conditions économiques le permettront. Toutefois, elle passe sous silence ce qu'elle pourrait faire advenant que la conjoncture continue de se détériorer. Or, il s'agit d'un scénario dont les risques sont élevés comme le signale le FMI dans sa récente mise à jour de ses Perspectives de l'économie mondiale.

mardi 17 juillet 2012

Le FMI s'inquiète de l'évolution de l'économie mondiale

Le FMI a publié le 16 juillet sa mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale. Bonne nouvelle : la production mondiale a fait mieux que prévu au premier trimestre de 2012. Mauvaise nouvelle : elle s’est fragilisée au deuxième. En outre, le deuxième semestre de l’année sera marqué par une faible croissance, selon le scénario de référence retenu par cet organisme. En conséquence, le FMI prévoit une croissance du PIB mondial de 3,5 % en 2012, soit le même rythme que celui projeté en avril dernier, ce qui peut en laisser plusieurs perplexes tenant compte que la conjoncture actuelle laisse supposer une croissance moindre que cela. Pour 2013, la croissance a été révisée à la baisse : 3,9 % au lieu de 4,1 %.
Le maintien, d'avril à juillet, de la projection de croissance pour l'ensemble de l'économie mondiale en 2012 masque des variations significatives dans les estimations pour des pays comme le Japon, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Inde et le Brésil.
Par ailleurs, le FMI plaide pour des mesures additionnelles de la part des autorités publiques, en particulier  dans la zone euro où il préconise une plus grande union monétaire ainsi qu’une intégration fiscale. 

Le FMI signale aussi qu'aux États-Unis, si les mesures budgétaires restrictives vont de l'avant comme prévu, il y a un risque important de stagnation de l'économie l'an prochain. 

Mise à jour du 18 juillet : La Banque du Canada est plus pessimiste que le FMI quant aux perspectives de l'économie mondiale. Dans son Rapport sur la politique monétaire publié aujourd'hui, elle prévoit que le PIB mondial ne croîtra que de 3,1 % en 2012 et en 2013.

lundi 9 juillet 2012

Économie mondiale : une expansion de plus en plus précaire

L’économie mondiale manque de vigueur ces temps-ci. Loin de s’améliorer,  les perspectives de croissance semblent se détériorer. La Directrice générale du FMI indiquait le 6 juillet que la prochaine mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale de cet organisme comporterait une révision à la baisse de la croissance de la production mondiale; déjà, en avril dernier, ses économistes ne prévoyaient qu'une progression modeste (3,5 %) du PIB mondial en 2012. Des indices, notamment le JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, indiquent que l’économie mondiale a peu progressé ces derniers mois, et qu’elle a  pratiquement stagné en juin. Les plus récents indicateurs avancés de l’évolution de l’économie que ce soient ceux de l’OCDE, du Conference Board ou de Markit Economics, laissent d’ailleurs présager un fléchissement de la croissance au cours des prochains mois. Les prix à la baisse des métaux, comme le cuivre et l’aluminium, et du pétrole sont d’autres indicateurs de la faiblesse de l’expansion.

L’inquiétude est palpable dans les communications publiques des dirigeants des principales banques centrales de la planète. Plusieurs d’entre elles ont, depuis le printemps dernier, assoupli encore davantage leurs politiques monétaires pourtant déjà très accommodantes. Toutefois, l’assouplissement monétaire a ses limites sur le plan de l’efficacité pour stimuler l’économie, comme l’ont récemment souligné plusieurs analystes. Sur le plan fiscal, la marge de manœuvre est restreinte chez plusieurs économies développées, et on en est rendu à souhaiter un peu moins d’austérité à court terme afin de ne pas envenimer les choses.

lundi 25 juin 2012

Économie américaine : une expansion en manque d'énergie

L'économie américaine manque de dynamisme ces temps-ci. Les plus récents indicateurs mensuels laissent croire qu'elle progresse moins rapidement au deuxième trimestre qu'au premier où la croissance a été plutôt modeste (1,9 % en rythme annuel). En effet, le Chicago Fed National Activity Index (CFNAI), publié le 25 juin, montre que le rythme d'expansion s'atténue, et qu'il est en-deça de sa tendance historique pour un troisième mois consécutif.

Qui plus est, les indices des indicateurs avancés de l'évolution de l'économie pointent vers une nouvelle décélération de l'expansion au cours des prochains mois. Le Markit Flash US Manufacturing Purchasing Managers' Index, particulièrement le sous-indice des nouvelles commandes, va dans ce sens. L'indice du Conference Board laisse présager une croissance allant de faible à modeste. Quant à l'indice hebdomadaire de l'Economic Cycle Research Institute (ECRI), il est précurseur d'un ralentissement significatif. La construction résidentielle est l'un des rares secteurs en voie d'amélioration : les permis de bâtir et les mises en chantier sont depuis plusieurs mois au-dessus de 700 000 en rythme annuel; c'est encore loin des bonnes années, mais tout de même mieux que dans les années récentes.

Quant aux projections de croissance pour l'ensemble de 2012, elles ont été revues à la baisse par les participants au Federal Open Market Committee (FOMC) et les présidents des Feds régionales. Après la réunion du FOMC des 19 et 20 juin, la Réserve fédérale a indiqué que l'intervalle des projections de croissance du PIB se situe entre 1,6 % et 2,5 %, soit un intervalle semblable à celui des organismes consultés mensuellement par The Economist (1,7 % à 2,6 %). Si la croissance n'affiche pas plus de vigueur au cours des prochains mois, la Réserve fédérale se dit prête à intervenir pour stimuler la croissance et améliorer le marché de l'emploi. Pour l'instant, elle a choisi de poursuivre pour un autre six mois son opération «twist» visant à réduire les taux d'intérêt de long terme.

Même si 2013 apparaît encore assez éloignée dans un contexte de grande incertitude quant à l'évolution de la conjoncture, on ne peut négliger l'impact éventuel à la baisse sur la croissance des changements aux mesures fiscales temporaires et des coupes budgétaires qui prendront automatiquement effet en janvier prochain s'il n'y a pas d'entente au Congrès sur ce sujet particulièrement litigieux.

mercredi 13 juin 2012

Économie mondiale : la situation se corse

L’économie mondiale bat de l’aile. Loin de s’améliorer,  les perspectives de croissance semblent se détériorer. (La prochaine mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale du FMI permettra d’en savoir davantage à ce sujet; cet organisme prévoyait en avril dernier une progression modeste (3,5 %) du PIB mondial en 2012). Les principaux indices des indicateurs avancés de l’évolution de l’économie laissent d’ailleurs présager un fléchissement de la croissance au cours des prochains mois. Les prix à la baisse des métaux, comme le cuivre et l’aluminium, et du pétrole sont d’autres indicateurs de la faiblesse de l’expansion.

Sans surprise, ce sont les conditions économiques en Europe qui pèsent sur la conjoncture. Ailleurs, la croissance est au rendez-vous, mais son  rythme de progression s’atténue.  Si au Canada certains craignent que l’économie souffre du mal hollandais, dans le monde, c’est le mal européen  et sa contagion qui préoccupent. 

L’inquiétude est palpable dans les communications publiques des dirigeants des principales banques centrales de la planète. Les banques centrales des principales économies émergentes ont déjà posé des gestes pour stimuler la croissance. La Banque centrale de Chine vient d’abaisser de 0,25 % son taux d’intérêt de base après avoir diminué à trois reprises le ratio des réserves des banques. La Banque du Brésil a progressivement diminué depuis un an de quatre points de pourcentage son taux de référence pour le porter dernièrement à 8,5 %. La Banque de l’Inde a amorcé à la mi-avril une réduction de son taux d’intérêt de base.  

Chez les économies avancées, qui ont déjà des politiques monétaires très accommodantes, certaines mises sur plus d’assouplissement, alors que d’autres hésitent avant de relâcher davantage.  La Banque d’Australie a réduit à deux reprises de 0,25 % son taux de référence pour le porter à 3,5 %. La Banque du Japon a décidé le 27 avril d’assouplir un peu plus sa politique monétaire expansionniste afin de tenter de nouveau de mettre fin à la déflation et d'empêcher une trop forte appréciation du yen. La Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque du Canada ont maintenu le statu quo en juin. Et, lors de son témoignage au Congrès américain le 7 juin, Ben Bernanke a laissé entendre que la Réserve fédérale est prête à intervenir, au besoin, pour stimuler la croissance. Plus intéressant, il a explicité sous forme d’interrogations ce qui pourrait justifier une éventuelle intervention : Est-ce que l’économie américaine peut croître de plus de 2 % par année? Est-ce que la croissance sera suffisante pour améliorer le marché du travail? Le FOMC tiendra sa prochaine réunion les 19 et 20 juin, et il sera alors possible de connaître l’évaluation que ses participants font de la conjoncture et, s’il y a lieu, les nouvelles orientations quant à une éventuelle intervention de la Fed.

Le pessimisme gagne du terrain ces temps-ci, et les marchés boursiers à la baisse en sont un reflet, sauf lorsque ces marchés anticipent une intervention importante des banques centrales. D’ailleurs, plusieurs analystes soulignent la dépendance de ces marchés aux annonces des autorités monétaires, particulièrement celles des États-Unis. C’est ce que Buttonwood présente comme «The nationalisation of markets» dans l’édition du 26 mai de The Economist (page 72).  

L'économie du Japon renoue avec la croissance

L'économie japonaise reprend progressivement de la vigueur. Son PIB a augmenté de 1,2 % au premier trimestre de 2012 (4,7 % en rythme annuel), selon les données révisées publiées le 8 juin par le gouvernement japonais. En outre, il n'y aurait pas eu de contraction de la production au quatrième  trimestre de l'an dernier, mais plutôt stagnation, selon les plus récentes données.

Personne n'osera prétendre que le rythme de croissance du premier trimestre se répétera à court terme; d'ailleurs, les indicateurs avancés de l'évolution de l'économie pointent vers une atténuation de la croissance au cours des prochains mois. Quoi qu'il en soit, la vigueur de la troisième économie mondiale ces temps-ci est bienvenue dans un contexte de fragilité de la croissance mondiale.

La plupart des organismes de prévision estimaient à près de 2 % la croissance de  l'économie du Japon en 2012. Sur la base des résultats du premier trimestre ainsi que des indices des indicateurs avancés, il ne faudrait pas se surprendre que ces projections soient revues à la hausse. D'ailleurs, la moyenne des prévisions des organismes consultés mensullement par The Economist a été récemment portée de 1,8 % à 2,1 %. Quant à la Banque mondiale, dans son Global Economic Prospects, publié le 12 juin, elle prévoit une croissance de 2,4 % du PIB japonais cette année.

Note : Ce commentaire est une mise à jour de celui que j'avais publié le  17 mai dernier.

mercredi 30 mai 2012

Union européenne : les conditions économiques continueront de se détériorer

L'économie de la zone euro et celle de l'ensemble de l'Union européenne ne sont pas au bout de leur peine. Les indicateurs avancés de leur évolution laissent présager un ralentissement encore plus marqué qu'auparavant. L'Economic Sentiment Indicator a plongé en mai, selon les renseignements publiés le 30 mai par la Commission européenne; il se retrouve nettement en-dessous de sa tendance de long terme. L'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour la zone euro a diminué (0,8 %) de façon significative en avril, selon les chiffres publiés le 25 mai sur le site Internet de cet organisme. Cet indice avait pourtant augmenté en décembre, janvier et février derniers, et pratiquement stagné en mars. En outre, les résultats de l'enquête auprès des gestionnaires d'approvisionnement des entreprises, le PMI Flash Markit pour l'Eurozone, signalent, en mai, une accélération de la contraction de l'activité chez les entreprises des secteurs manufacturiers et des services. Rien de réjouissant donc quant aux perspectives économiques de l'Europe!

Ces indicateurs de la morosité de l'économie européenne sont aussi les symptômes de maux plus profonds dont il est difficile d'évaluer et de prévoir toutes les conséquences ainsi que l'issue.

Tenant compte de la conjoncture économique en Europe et de la situation critique de plusieurs pays de la zone euro, on peut s'interroger sur le sort qui sera réservé à un éventuel accord économique entre le Canada et l'Union européenne.

Mise à jour du 28 juin : L'indice des indicateurs avancés du Conference Board et l'Economic Sentiment Indicator, les deux publiés aujourd'hui, pointent de nouveau vers un ralentissement de l'économie de la zone euro au cours des prochains mois. Quant au PMI Flash Markit pour l'Eurozone, publié le 21 juin, il va encore dans le sens d'une contaction de son économie.

jeudi 24 mai 2012

Encore des signes de fragilisation de l'expansion de l'économie mondiale

Mon commentaire du 20 mai signalait des signes avant-coureurs de fragilisation de l'expansion de l'économie mondiale. En ce 24 mai, les indices PMI Flash de Markit Economics viennent renforcer ce constat. Le PMI Flash Markit pour l'Eurozone indique que l'économie de la zone continue de se contracter, et même que la contraction s'accentue; l'indice des nouvelles commandes continue de faiblir, ce qui n'est pas de bon augure. Le HSBC Flash China Manufacturing PMI laisse croire que se poursuit la tendance au féchissement de l'activité dans le secteur manufacturier en Chine. Par contre, le Markit Flash U.S. Manufacturing PMI envoie le message que l'expansion dans le secteur de la fabrication continue aux États-Unis, bien que son rythme fléchisse.

Détails à :  http://www.markiteconomics.com/Survey/Page.mvc/home

mardi 22 mai 2012

Perspectives économiques de l'OCDE, 22 mai 2012

Selon les Perspectives économiques de l'OCDE publiées le 22 mai «...la reprise [ de l'économie mondiale ] est fragile, extrêmement inégale selon les régions et pourrait bien être compromise par la crise de la zone euro...». L'OCDE prévoit que l'économie mondiale ne devrait croître que de 3,4 % cette année, une projection semblable à celle du FMI (3,5 %)  publiée en avril dernier.

Détails à : http://www.oecd.org/document/4/0,3746,fr_2649_37443_20347588_1_1_1_37443,00.html

dimanche 20 mai 2012

Économie mondiale : signaux additionnels de la fragilisation de l'expansion

Plusieurs indicateurs signalent que l'expansion de l'économie mondiale est de plus en plus fragile. L'indice des nouvelles commandes du JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI pointait en avril dernier vers un fléchissement du rythme de croissance de la production de biens et services, selon les renseignements publiés le 4 mai sur le site Internet de Markit Economics. En outre, les indices boursiers mondiaux sont à la mi-mai à leur plus bas depuis le début de 2012; cela est vrai tant pour l'indice MSCI des économies développées que celui des économies émergentes. Les prix spot des produits de base, dont le cuivre, l'aluminium et le pétrole, affichent également une tendance à la baisse, signe précurseur de la faiblesse de la production industrielle au cours des prochains mois.

Faut-il voir dans l'évolution de ces indicateurs une simple correction des marchés ou des signes avant-coureurs de moments plus difficiles pour l'économie mondiale?

jeudi 3 mai 2012

Économie québécoise : légère amélioration des perspectives à court terme

En 2011, l'économie québécoise a crû (1,7 %) à un rythme moins rapide qu'en 2010 (2,5 %), selon les plus récentes données de Statistique Canada. En janvier dernier, la production de biens et services a stagné, selon les données de l'Institut de la statistique du Québec, et il y a lieu de croire que l'ensemble du premier trimestre a connu, au mieux, une croissance modeste.

Toutefois, les conditions économiques au Québec pourraient s'améliorer quelque peu au cours des prochains mois. C'est du moins ce que laissent croire l'Indice précurseur Desjardins (IPD) et l'indice PMI RBC de l'enquête auprès des directeurs d'approvisionnement des entreprises du secteur de la fabrication. Après avoir marqué le pas pendant plusieurs mois, l'IPD a augmenté de 0,6 % en février et de 0,5 % en mars, selon l'analyse publiée le 3 mai sur le site Internet de Desjardins. L'indice PMI RBC, publié le premier mai sur le site Internet de Markit Economics, signale une expansion de la production et des nouvelles commandes dans la fabrication en mars et en avril, contrairement à janvier et février derniers. Malgré ces signes d'amélioration, le PIB du Québec ne croîtrait que de 1,4 % en 2012, selon les plus récentes projections de Desjardins.

mercredi 2 mai 2012

Économie canadienne en 2012 : perspectives de croissance inférieure à celle de l'an dernier

Après un rebond en décembre dernier, l'économie canadienne a pratiquement stagné au début de 2012. Son PIB n'a progressé que de 0,1 % en janvier, et il a diminué de 0,2 % en février, selon les plus récentes données de Statistique Canada (SC). La Banque du Canada prévoyait, en avril, dans son plus récent Rapport sur la politique monétaire, une croissance de 2,5 % en taux annuel au premier trimestre. Il faudrait que l'économie ait connu une croissance exceptionnelle en mars pour se rapprocher ne serait-ce que de 2,0 %. La première estimation du PIB canadien au premier trimestre de cette année sera connue fin mai.

Quoi qu'il en soit, les indicateurs avancés de l'évolution de l'économie laissent présager une croissance plus ou moins modérée au cours des prochains mois. L'indice mensuel de SC de ces indicateurs a progressé au cours des derniers mois; en mars, dernier mois disponible, huit des dix composantes de cet indice ont augmenté. Le secteur de la fabrication semble connaître une amélioration progressive de sa production et de ses perspectives, selon les résultats de l'enquête mensuelle PMI RBC auprès des gestionnaires d'approvisionnement des entreprises. Par contre, la confiance des consommateurs a diminué en avril après trois mois de progression, selon le Conference Board du Canada.

Le PIB du Canada a crû de 2,6 % l'an dernier, selon les plus récentes données de SC. Sur la base des résultats des deux premiers mois et de l'évolution récente des indicateurs avancés, l'économie canadienne aura bien du mal à égaler ce pourcentage de croissance en 2012. Une progression d'environ 2,0 % semble plus probable ces temps-ci.

Mise à jour du 23 mai : L'indice des indicateurs avancés de l'économie canadienne a continué de progresser en avril, selon les données publiées aujourd'hui par SC, mais son rythme de progression s'est atténué en avril et en mars. En outre, l'OCDE prévoit que l'économie canadienne croîtra de 2,2 % cette année, selon ses Perspectives économiques publiées le 22 mai.

mardi 1 mai 2012

Économie américaine : à quand une croissance solide et soutenue?

Au premier trimestre de 2012, l’économie des États-Unis n’a crû que de 2,2 % en rythme annuel, soit une baisse de régime par rapport au quatrième trimestre de l’an dernier (3,0 %). En fait, la progression de l’activité économique évolue en zigzag depuis plusieurs trimestres n’ayant connu, depuis la fin de la grande récession, une croissance assez robuste qu’à la fin de 2009 et au premier semestre de 2010. Mince consolation, il n’y a pas eu de nouvelle contraction de la production sur une base trimestrielle.
Au cours de la présente phase d’expansion, l’économie américaine manque donc de souffle et d’endurance, et ce problème semble bien présent ces  temps-ci. Les statistiques disponibles pour mars et avril derniers indiquent qu’il y a un fléchissement de la croissance. Tant le Chicago Fed National Activity Index que les données sur l’emploi (nombre de salariés, demandes initiales d’assurance-chômage) appuient ce diagnostic.

Quant aux indicateurs avancés de l’évolution à court terme de l’économie américaine, ils laissent présager que la croissance se poursuivra à un rythme pouvant aller de modeste à modéré. L’évolution mensuelle et semestrielle de l’indice du Conference Board (CB) pointe vers une croissance modérée, alors que l’indice hebdomadaire de l’Economic Cycle Research Institute (ECRI), basé sur des données encore plus récentes que l’indice du CB, signale une croissance plutôt modeste. Toutefois, l’indice des nouvelles commandes auprès des entreprises manufacturières a significativement augmenté en avril, selon le rapport de l’Institute for Supply Management publié le premier mai, ce qui est de bon augure.
Les projections de croissance du PIB américain pour cette année sont loin de faire consensus. L’intervalle des prévisions des participants à la rencontre du 25 avril du Federal Open Market Committee (FOMC) va de 2,1 % à 3,0 %; celui des organismes consultés par The Economist va de 1,6 % à 2,7 % (édition du 7 avril); la Banque du Canada prévoit 2,3 %, le FMI, 2,1 % et le CB, 2,2 %. Toutefois, aucun organisme ne projette une augmentation robuste de l’activité économique au cours des prochains trimestres. D’ailleurs, le FOMC indique, dans son  communiqué du 25 avril, que les conditions économiques vont vraisemblablement requérir une politique monétaire hautement accommodante et, donc, des taux d’intérêt exceptionnellement bas au moins jusqu’à la fin de 2014.

Ainsi, une croissance solide et soutenue de l’économie américaine n’est pas perceptible à l’horizon.

jeudi 19 avril 2012

Perspectives de l'économie mondiale, avril 2012

L’économie mondiale connaîtra une croissance relativement modeste en 2012. C’est ce que laissent croire les plus récentes «Perspectives de l’économie mondiale» du FMI publiées le 17 avril. Bien qu’il ait revu légèrement à la hausse son scénario de progression du PIB mondial par rapport à janvier dernier, cet organisme prévoit une croissance qui n’atteindrait que 3,5 % cette année; elle serait ainsi inférieure à celle de l’an dernier (3,9 %) et de 2010 (5,3 %). C’est évidemment mieux que durant la récession de 2008-2009, mais nettement moindre que durant la période d’expansion du milieu de la décennie précédente. La Banque du Canada, dans son Rapport sur la politique monétaire du 18 avril, retient aussi un scénario de légère amélioration des perspectives de l’économie de la planète, mais son estimation de la croissance n’est que de 3,2 %.

Le scénario de référence du FMI est conforme à ce que laissent présager les plus récents indices des indicateurs avancés de l’OCDE pour ses pays membres et les principaux pays émergents, les indices équivalents du Conference Board pour une dizaine d’économies ainsi que le JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, dont son indice des nouvelles commandes. L’évolution des prix des produits de base au cours des derniers mois vient aussi corroborer des projections de croissance modeste.

Ce sont surtout les perspectives pour la zone euro qui viennent brider la croissance mondiale. Bien que les économies américaines et japonaises soient sur une pente ascendante, ce sont les économies émergentes et celles en développement, prises globalement, qui croîtront le plus; leur rythme de progression (5,7 %) sera quatre fois plus rapide que celui des économies avancées (1,4 %) cette année, selon le FMI.

Les risques à la baisse par rapport au scénario de référence demeurent importants, selon le FMI, même s’ils se sont légèrement atténués au cours des derniers mois. Parmi les plus importants, cet organisme signale une détérioration des conditions économiques et financières dans la zone euro, l’incertitude géopolitique et ses éventuelles conséquences sur le prix du pétrole et des politiques macroéconomiques excessivement restrictives qui pourraient être mises en œuvre.

Tenant compte de la fragilité et de la magnitude de l’expansion, le FMI suggère la prudence sur le plan des politiques publiques. Il recommande, notamment, des efforts accrus pour juguler la crise dans la zone euro, une approche modérée sur le plan des restrictions fiscales, la poursuite de politiques monétaires très accommodantes et d’amples liquidités pour appuyer le secteur financier. 
  

lundi 16 avril 2012

L'emploi a-t-il diminué au Québec à la fin de 2011?

Oui, selon une enquête de Statistique Canada (SC); non, selon une autre enquête de cet organisme.

Selon l’Enquête sur la population active (EPA), le Québec aurait affiché une perte nette de 61 000 emplois d’octobre à décembre 2011, ce qui a suscité bien des commentaires et des émois. D’après l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures travaillées (EERH), l’emploi y est demeuré relativement stable, avec des variations mineures d’un mois à l’autre. Il est vrai que l’EPA inclut les travailleurs autonomes, contrairement à l’EERH. En les soustrayant, les pertes nettes d’emploi demeurent élevées : près de 46 000 emplois en moins, selon les données de l’EPA.

Comment expliquer les différences dans les résultats des deux enquêtes? SC nous indique dans son communiqué mensuel sur l’EERH que : «À la suite de différences conceptuelles et méthodologiques, les estimations des variations dans l'EERH et l'EPA divergent de temps en temps.» Cet organisme signale aussi dans son communiqué mensuel sur l’EPA que : «Les estimations tirées de l’Enquête sur la population active sont fondées sur un échantillon et sont donc sujettes à la variabilité d’échantillonnage.»

Comme les données de l’EERH proviennent d’un recensement d’entreprises (petites, moyennes et grandes, n’excluant que celles de l’agriculture, des services domestiques, des organismes religieux et le personnel militaire) à participation obligatoire, et celles de l’EPA d’un échantillon de ménages, ce sont, a priori, les résultats de l’EERH qui devraient prévaloir. En outre, comme la production de biens et services au Québec a augmenté, bien que de peu, au quatrième trimestre de l’an dernier, une stagnation de l’emploi, comme l’indique les données de l’EERH, est plus vraisemblable qu’une baisse.

Les pertes d’emploi se seraient arrêtées au Québec, selon l’EPA, en janvier et février derniers (de faibles hausses ont été enregistrées), alors qu’en mars il a connu une augmentation qui en a surpris plusieurs par son ampleur (36 400). Pouvons-nous comparer avec les données de l’EERH? Eh bien, il faudra attendre fin  mai prochain pour connaître les résultats de mars de celle-ci.

Comme quoi il faut être très prudent avant de sonner l’alarme. Lorsque nous nous trouvons à court d’explications pour expliquer les variations brusques et à court terme dans les statistiques sur l’emploi provenant de l’EPA, il vaut mieux attendre celles de l’EERH pour les confirmer ou les remettre en question. En outre, la publication par SC d’une moyenne mobile, sur quelques mois, serait utile pour mieux jauger la tendance de l’évolution de l’emploi, et ce, tant pour l’EPA que l’EERH.

Lorsque se manifeste la faiblesse de l’EPA liée à la variabilité de son échantillon, elle a tendance à s’auto-corriger avec le temps. Malgré cet inconvénient temporaire, l’EPA demeure une source pertinente et indispensable de renseignements sur l’évolution du marché du travail, dont le taux de chômage.  

lundi 9 avril 2012

Économie américaine : une expansion à vigueur variable

Après quelques mois de croissance soutenue, notamment en décembre, janvier et février derniers où l'activité économique a crû légèrement plus rapidement que la tendance de long terme selon le Chicago Fed National Activity Index, l'économie américaine a eu de la difficulté à maintenir son rythme d'expansion en mars. En témoignent les données récentes sur l'emploi et certains indices des enquêtes auprès des gestionnaires d'approvisionnement (les indices ISM). La confiance des consommateurs quant aux perspectives à court terme (indices des anticipations du Conference Board et de l'Université du Michigan) a fléchi quelque peu le mois dernier, ce qui est aussi un indicateur de fragilité ou d'incertitude.

Les perspectives de croissance demeurent toutefois bonnes au cours des prochains mois. L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs avancés du Conference Board pointe vers une croissance modérée de l'activité économique. Les indices des nouvelles commandes auprès des entreprises de la fabrication et des services laissent présager que l'expansion de la production se poursuivra à un bon rythme. L'indice hebdomadaire des indicateurs avancés de l'Economic Cycle Research Institute (ECRI) progresse lui aussi ce qui est de bon augure. Toutefois, le 15 mars dernier, cet organisme a maintenu son pronostic quant à l'imminence d'une nouvelle récession aux États-Unis en se basant sur l'évolution d'un ensemble d'indicateurs coincidents du cycle économique. Comme quoi rien ne peut être tenu pour acquis, notamment en matière de perspectives économiques.

Les autorités monétaires ne prennent aucune chance, et, face à une évolution incertaine de l'économie, elles maintiennent une politique monétaire très accommodante ou expansionniste, dans un contexte où les pressions inflationnistes sont contenues. La politique fiscale demeure également expansionniste afin de ne pas contribuer à fragiliser l'expansion économique et aussi en raison des difficultés à en venir à une quelconque entente au Congrès sur un scénario visant à contenir, à moyen terme, la progression du déficit budgétaire.

lundi 12 mars 2012

Amélioration des perspectives de l'économie mondiale, mars 2012

Divers indicateurs viennent appuyer le scénario d'amélioration des perspectives à court terme de l'économie mondiale. Les indices des indicateurs avancés de l'OCDE, publiés le 12 mars, vont dans ce sens. Les changements positifs dans le momentum de croissance sont particulièrement notables aux États-Unis et au Japon, selon cet organisme. Pour la Zone euro, les indicateurs avancés de l'OCDE signalent que la contraction de l'activité économique pourrait avoir atteint un creux et qu'une faible reprise pourrait s'instaurer. Côté pays émergents, les indices précurseurs sont positifs pour l'Inde et, dans une moindre mesure, pour la Russie. Par contre, pour le Brésil et la Chine, ils pointent vers un ralentissement du rythme de croissance.

Les données de février du JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI signalent aussi une expansion de l'activité économique mondiale. Selon cet indicateur de tendance, les États-Unis sont le chef de file de l'expansion, alors qu'elle serait relativement modérée dans les pays du BRIC et au Japon. La Zone euro est, sans surprise, la principale source de faiblesse de l'activité. Les indices des nouvelles commandes sont particulièrement prometteurs pour les industries de services, alors que pour le secteur manufacturier, ils pointent vers une faible croissance.

En outre, les politiques monétaires des principales économies convergent. Elles demeurent nettement tournées vers un appui à la croissance économique dans un contexte où l'austérité budgétaire s'impose comme remède aux difficultés de financement des déficits et des dettes publiques. Quant au prix du pétrole, il pourrait constituer un frein à l'expansion économique si son prix demeure relativement élevé au cours des prochaines semaines. 

jeudi 23 février 2012

Les marchés boursiers comme indicateur avancé de l'évolution de l'économie

Tous les économistes connaissent la célèbre boutade de Paul A. Samuelson (1966) à l'effet que le marché boursier a prédit neuf des cinq dernières récessions. Mais, qu'en est-il au juste? Est-ce que les indices du prix des actions des entreprises cotées en bourse contribuent à anticiper l'évolution de l'économie, dont les points de retournement dans son cycle?

Pour être retenue comme indicateur précurseur, une variable doit avoir une importance significative dans l'économie. Elle doit aussi passer le test du temps, c'est-à-dire avoir démontré historiquement qu'elle devance de quelques mois l'activité économique et ses fluctuations. Les indices boursiers, même s'ils fluctuent pour diverses raisons, semblent satisfaire à ces conditions pour de nombreuses économies.

En effet, à l'OCDE, les cours des marchés boursiers sont l'une des composantes de ses indices composites mensuels des indicateurs avancés pour dix-neuf de ses trente-trois pays membres et pour six pays émergents non membres pour qui cet organisme produit de tels indices. Le Conference Board publie des indices mensuels d'indicateurs avancés pour dix pays et la Zone euro; seul celui de la Chine ne comporte pas d'indice boursier. Le Japan Cabinet Office, Statistique Canada et Desjardins produisent aussi des indices d'indicateurs avancés, et ces trois organismes retiennent,  comme l'une des composantes, un indice de l'évolution du prix des actions des entreprises.

Toutefois, et cela est étonnant et intriguant, le Conference Board retient les cours boursiers comme composante de ses indices pour l'Allemagne, le Mexique et l'Espagne, alors que l'OCDE s'en abstient; celle-ci les inclut pour la Chine, alors que, comme indiqué précédemment, le Conference Board les exclut.

Si, malgré ce qui précède, vous êtes, tout comme Samuelson, parmi les sceptiques quant au rôle des marchés boursiers comme indicateur avancé de la tendance future de l'économie, citons une autre source pour tenter de vous en convaincre. Les auteurs de l'encadré 1.3 des Perspectives de l'économie mondiale du FMI de septembre 2011 posent la question suivante : «La baisse des cours boursiers est-elle un signe avant-coureur d'une récession?». Pour y répondre, ils ont examiné le cas des pays du G7. Leur analyse a démontré que pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et le Japon, le prix des actions joue un rôle important comme indicateur précurseur d'une éventuelle récession. Pour le Canada et l'Allemagne, la méthode utilisée n'a pas mis en évidence une telle capacité d'anticipation d'une phase baissière du cycle économique. (Cela n'empêche pas l'OCDE et Statistique Canada, sur la base de leurs propres critères, de retenir le S&P/TSX comme indicateur avancé de l'évolution de l'économie canadienne.) En ce qui concerne l'Italie, d'autres variables financières ont plus d'importance que le cours des actions. Les auteurs de cette étude concluent, notamment, que «...les responsables politiques doivent donc être attentifs aux fortes baisses des cours boursiers, car elles sont liées à un risque accru de nouvelle récession.»

L'indice boursier pour le monde (MSCI ACWI) ainsi que l'indice pour les pays développés et celui pour les économies émergentes sont en hausse ces temps-ci. Serait-ce de bon augure pour les perspectives à court terme de l'économie mondiale?

mardi 21 février 2012

La vigueur de l'économie américaine tend à se confirmer

L'économie des États-Unis continue de croître à un rythme soutenu, et les indicateurs avancés de son évolution laissent croire qu'il en sera ainsi au cours des mois à venir. Le Chicago Fed National Activity Index a progressé de nouveau en janvier dernier, selon les données publiées le 21 février sur le site Internet de la Federal Reserve Bank of Chicago. Cet indice indique que l'activité économique a récemment crû légèrement plus rapidement que la tendance de long terme. L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs avancés du Conference Board, publié le 17 février, pointe vers la poursuite de l'expansion à court terme. Autre signe précurseur que l'économie va bien, jusqu'à maintenant en février, les demandes initiales d'assurance-chômage continuent leur tendance à la baisse. En outre, les mises en chantier de logements, bien qu'étant encore très faibles sur une base historique, se sont chiffrées à plus ou moins 700 000 en rythme annuel en novembre, décembre et janvier derniers, ce qui ne s'était pas vu au cours des trois dernières années.

Quant aux prévisions de croissance du PIB pour cette année, les organismes consultés par la revue The Economist l'estiment en moyenne à 2,0 %, tout comme le Conference Board. Les quarante-cinq prévisionnistes sondés par la Federal Reserve Bank of Philadelphia la projettent en moyenne à 2,3 %, alors que les membres du Federal Open Market Committee et les présidents des diverses banques fédérales ont des projections qui se situent dans un intervalle allant de 2,1 % à 3,0 %. 

lundi 20 février 2012

Japon : nouvel essai vers la zone de croissance

Le Japon a connu plus que sa part de difficultés en 2011, et cela s'est répercuté sur ses résultats sur le plan économique. Ce pays a connu trois trimestres de contraction de l'activité économique l'an dernier, dont une baisse de 0,6 % (-2,3 % en rythme annuel) du PIB au quatrième trimestre; seul le troisième trimestre faisait exception à la tendance.

Toutefois, un peu d'espoir pointe à l'horizon. Des signaux de légère amélioration sont perceptibles dans les indicateurs avancés de l'évolution de l'économie. Les indices de ces indicateurs en provenance de l'OCDE, du Conference Board et du Japan Cabinet Office  laissent présager une croissance lente ou modeste au cours des prochains mois. La Banque du Japon estime, dans son rapport du 15 février, que les perspectives à court terme pointent plutôt vers une stagnation de l'activité économique. Rien de surprenant alors à ce qu'elle ait décidé à la mi-février d'accentuer le degré de détente monétaire en accroissant se achats d'obligations gouvernementales de long terme. Cette mesure vise à faciliter la reprise et à contribuer à une légère hausse des prix dans un contexte de déflation endémique. Elle pourrait aussi avoir pour effet d'endiguer la pression à la hausse sur le yen qui nuit à la compétitivité des exportations japonaises.

Tenant compte de ce qui précède, les projections de croissance de l'économie japonaise cette année apparaissent légèrement optimistes. Les organismes consultés par The Economist prévoient une augmentation du PIB de 1,6 % en moyenne; l'intervalle de ces prévisions se situe entre 0,7 % et 2,5 %. Le FMI prévoit une croissance de 1,7 %.

mercredi 15 février 2012

Quelle est la marge de manoeuvre des gouvernements des pays émergents pour, au besoin, stimuler leur économie?

La revue The Economist, dans son édition du 28 janvier dernier (p. 75), propose une grille d'analyse pour répondre à cette question. Cinq des variables retenues sont en lien avec la politique monétaire (inflation, crédit bancaire, taux d'intérêt réel, fluctuations de la devise, solde du compte courant) et deux avec la politique fiscale (dette du gouvernement, déficit budgétaire structurel en pourcentage du PIB). Il en résulte un indice de la marge de manoeuvre où la Chine, la Russie, le Chili et quelques autres pays se retrouvent dans la catégorie des pays émergents en ayant le plus. Le Mexique, Hong Kong et l'Afrique du Sud sont des exemples de pays apparaissant dans la catégorie intermédiaire. Le Brésil, l'Inde, la Hongrie et quelques autres en auraient le moins. Intéressant comme outil d'analyse : une approche équivalente a-t-elle été développée pour comparer des pays développés ou des États fédérés?

lundi 13 février 2012

Perspectives de l'économie mondiale : des indices précurseurs encourageants

Après avoir anticipé pendant plusieurs mois un ralentissement généralisé de l'activité économique dans le monde, les indices des indicateurs avancés de l'OCDE donnent des signaux précurseurs d'un changement de momentum ou de dynamique, selon le communiqué et les statistiques publiés le 13 février sur le site Internet de cet organisme. Ce changement serait perceptible principalement aux États-Unis et au Japon, mais aussi dans d'autres économies développées ainsi qu'en Inde et en Russie. En Zone euro et au Royaume-Uni, les indices pointent encore vers un ralentissement, mais il serait moins prononcé qu'auparavant.

Quant à l'indice JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, il signale que l'expansion de l'économie mondiale se serait accélérée en janvier dernier, principalement aux États-Unis. Le sous-indice des nouvelles commandes laisse présager que cette tendance se poursuivra au cours des mois à venir. Le prix du cuivre à la hausse ces derniers temps est un autre indicateur avancé de l'amélioration des perspectives économiques.

jeudi 9 février 2012

États-Unis : perspectives de croisssance modeste à modérée

Aux États-Unis, la croissance modérée du quatrième trimestre devrait se poursuivre au cours des prochains mois. L'emploi augmente et les demandes initiales d'assurance-chômage poursuivent leur tendance à la baisse, ce qui devrait stimuler la confiance des consommateurs et, par conséquent, leur propension à dépenser. Les enquêtes ISM de janvier dernier auprès des gestionnaires d'approvisionnement indiquent que les nouvelles commandes augmentent significativement tant dans la fabrication que les services, signe avant-coureur de la continuité de l'expansion dans la production. Toutefois, les indices des indicateurs avancés du Conference Board et de l'Economic Cycle Research Institute laissent, pour l'instant, présager une croissance plutôt lente ou modeste de l'activité économique au cours des mois à venir.

mercredi 8 février 2012

La Chine semble réussir son atterrissage en douceur

La Chine semble réussir son atterrissage en douceur si l'on se fie aux statistiques officielles de ce pays. Le fléchissement léger et graduel du rythme de croissance de l'activité économique s'accompagne d'une  modération de la progression des prix à la consommation. Parmi les principales économies, c'est celle de la Chine qui devrait connaître la croissance la plus robuste de son PIB cette année, soit entre 8,0 % et 8,5 %. En outre, parmi les économies émergentes, la Chine est de celles qui auraient le plus de flexibilité pour éventuellement stimuler leur économie en utilisant les politiques monétaire et fiscale, selon une analyse publiée dans l'édition du 28 janvier de la revue The Economist. Pour l'instant, la politique monétaire demeure prudente, bien qu'un premier relâchement de la pédale de frein se soit manifesté à la fin de l'an dernier par une baisse des réserves exigées aux banques.

Sur le plan des indicateurs avancés, l'indice du Conference Board pour la Chine laisse présager un fléchissement modéré de la croissance au cours des prochains mois. Par contre, l'indice HSBC provenant de l'enquête auprès des gestionnaires d'approvisionnement pointe vers un ralentissement important de la croissance.

mardi 7 février 2012

Détérioration des perspectives de l'économie québécoise

Depuis février 2011, l'économie québécoise stagne et les perspectives à court terme ne sont guère encourageantes. L'Indice précurseur Desjardins est en légère baisse depuis juillet dernier, selon les données publiées le 6 février sur le site Internet de cette institution financière. En outre, l'Indice PMI-RBC des directeurs d'achats de l'industrie manufacturière fait état d'une détérioration de la conjoncture dans ce secteur au Québec en raison, entre autres, d'une baisse des nouvelles commandes en janvier dernier. L'évolution récente de cet indice suggère que le secteur de la fabrication se dirige vers une contraction ces mois-ci.

Ainsi, les prévisions de croissance de l'économie québécoise cette année seront vraisemblablement révisées à la baisse bientôt. La préparation du prochain Budget du Québec ne pourra faire autrement que d'envisager des mesures de stimulation de la croissance, même si la marge de manoeuvre du gouvernement est plutôt limitée.

mercredi 1 février 2012

Perspectives d'amélioration de la croissance au Canada

L'économie canadienne a fait du surplace en octobre et en novembre derniers. Son PIB a diminué de 0,1 % en novembre, après être demeuré stable en octobre, selon les données publiées le 31 janvier par Statistique Canada (SC). Toutefois, les indicateurs avancés de son évolution laissent présager une  amélioration au cours des prochains mois. L'indice composite  de SC de ces indicateurs a progressé de 0,8 % en décembre et de 0,9 % en novembre, ce qui est de bon augure.

Quant au secteur de la fabrication, il devrait porsuivre son expansion si l'on se base sur la valeur des commandes en carnet  provenant de l'enquête mensuelle de SC auprès des manufacturiers. Cependant, l'indice des nouvelles commandes de l'indice global PMI RBC sur l'industrie manufacturière canadienne signale une faible augmentation des nouvelles commandes en janvier, selon les informations publiées le premier février sur le site Internet de Markit Economics. Advenant que ce soit là une nouvelle tendance, il pourrait s'en suivre un fléchissement important du rythme de croissance dans le secteur de la fabrication.

mardi 31 janvier 2012

Zone euro : simple embellie ou amorce d'une reprise?

Des indicateurs avancés de l'économie ont récemment apporté une éclaircie dans les perspectives autrement sombres pour la Zone euro. Son Economic Sentiment Indicator, publié par la Commision européenne le 30 janvier, a affiché une première augmentation (0,6 %) en janvier; il demeure nettement en deça de la tendance de long terme, mais il s'agit de sa première hausse depuis mars 2011. L'indice des indicateurs avancés du Conference Board était en hausse en décembre (0,3 %), sa première depuis février 2011. L'évolution semestrielle de cet indice continue cependant de signaler une contraction de l'économie. Quant à l'indice composite provenant des résultats préliminaires de l'enquête mensuelle auprès des gestionnaires d'approvisionnement, il est très légèrement en territoire positif en janvier (50,4); il est à son plus haut en cinq mois. Toutefois, le sous-indice des nouvelles commandes, précurseur de l'activité à venir, est en recul pour un sixième mois consécutif.

Dans son rapport mensuel de janvier, la Banque centrale européenne indique que les perspectives économiques de la Zone sont marquées par un haut degré d'incertitude et des risques substantiels à la baisse, bien qu'elle s'attende à une reprise un peu plus tard cette année.

jeudi 26 janvier 2012

Révision des perspectives de l'économie mondiale

Les perspectives de croissance de l'économie mondiale en 2012 ont été révisées significativement à la baisse depuis quelques semaines. Le 24 janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué qu'il estime que le PIB mondial devrait croître de 3,3 % cette année, plutôt que de 4,0 % comme prévu en septembre dernier. Sa projection est semblable à celle de la Banque mondiale (3,4 %), publiée le 18 janvier, et à celles de l'OCDE (3,4 %) et du Conference Board (3,2 %) publiées en novembre dernier. La Banque du Canada se démarque, son estimation, rendue publique le 18 janvier, est à 2,9 %. Les principaux indicateurs avancés de l'évolution de l'économie (indices de l'OCDE, du Conference Board et du JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI) viennent appuyer ces perspectives de croissance modeste, notamment chez les économies dites avancées. Dans le cas de la Zone euro, c'est même une contraction de l'activité économique qui est prévue.

Le scénario de base de ces divers organismes est décrit avec un vocabulaire assez homogène, mais préoccupant, comme : incertitude, volatilité, fragilité, vulnérabilité, détérioration, intensification des risques à la baisse. Ces mots réflètent bien l'inquiétude des dirigeants de ces organismes quant aux perspectives à court terme de l'économie mondiale. Cette inquiétude est particulièrement présente dans l'analyse de la conjoncture économique et financière de la Zone euro et de ses retombées potentielles pour l'économie mondiale.

Sur le plan des politiques publiques, le FMI, dans sa mise à jour des perspectives de janvier, met l'accent sur l'importance de restaurer la confiance quant à la capacité d'agir des gouvernements, de  poursuivre l'assainissement graduel, et non précipité, des dépenses publiques, et de continuer d'appliquer une politique monétaire favorisant la croissance.

Enfin, les projections de croissance du PIB en 2012 pour les États-Unis (1,8 %) et le Canada (1,7 %) dans la mise à jour du FMI sont assez basses. Plusieurs indicateurs laissent croire qu'elle pourrait facilement dépasser les 2 % pour ces deux pays.  

jeudi 19 janvier 2012

Peut-on prendre au sérieux les projections de croissance de la Banque du Canada?

Qu'est-ce qui peut bien amuser les économistes de la Banque du Canada au moment de préparer leurs perspectives de croissance de l'économie canadienne? Jouent-ils au yoyo avec les projections du scénario de référence de la Banque?

En juillet dernier, le Rapport sur la politique monétaire de la Banque prévoyait une croissance annualisée du PIB réel de 2,8 % au troisième trimestre de 2011 et de 2,9 % au quatrième. Dans le rapport d'octobre, ces projections étaient ramenées respectivement à 2,0 % et 0,8 %. Peu de temps après leur publication, le Gouverneur de la Banque devait admettre publiquement que ces prévisions sous-estimaient probablement le rythme de croissance de l'économie canadienne. Dans son rapport du 18 janvier, la Banque établit à 3,5 % la croissance au troisième trimestre et estime à 2,0 % celle du quatrième. Dans ces circonstances, on peut s'interroger sur la solidité de ses projections de croissance du PIB de 1,8 % aux premier et deuxième trimestres de 2012.

Comment expliquer ces différences? Il y a bien sûr l'incertitude quant à l'évolution de l'économie mondiale et ses répercussions sur l'économie canadienne. En outre, les projections trimestrielles de la Banque sont publiées en taux annualisés, ce qui a tendance à accentuer les écarts. Pour atténuer cela, elle pourrait aussi présenter les pourcentages de variations trimestrielles et mettre l'accent sur ceux-ci dans ses publications. Moindres ainsi, en apparence, seraient les corrections aux prévisions.

Mais, il y a peut-être plus. La Banque serait-elle obsédée par le consensus ou la moyenne des prévisions du secteur privé ou la hantise de s'en écarter? Donne-t-elle suffisamment d'importance à la connaissance et à l'analyse des indicateurs avancés de l'évolution de l'économie?

Face à tant de mouvance dans les projections de la Banque, il y a des risques qu'elle ne soit pas prise suffisamment au sérieux lorsqu'elle envoie des messages aux Canadiens sur d'autres sujets, comme l'endettement des ménages.

Une question plus large s'impose tenant compte de la difficulté de prévoir les mouvements dans le cycle économique, les crises financières ou même la présence de bulles et leur éventuel éclatement : les économistes jouent-ils avec des outils d'analyse et de prévision dont on peut douter de la performance? En allant un peu plus loin : les économistes qui font des prévisions nuisent-ils à la crédibilité de la profession? Ils sont peu nombreux, reçoivent beaucoup d'attention et de visibilité, et leur évaluation est souvent basée sur leur capacité à avoir prévu un point de retournement récent dans le cycle. S'ils se trompent la fois suivante, on les oublie et on passe à une autre comète. Certains cyniques pourraient avancer que les économistes font des prévisions non pas en raison de leur justesse, mais parce que, tout simplement, on leur demande d'en faire.

P.S. : Malgré ce qui précède, je dois admettre que j'ai développé une certaine dépendance à tout ce qui se publie sur les perspectives économiques.

jeudi 12 janvier 2012

Perspectives de croissance modeste de l'économie québécoise

L'économie du Québec devrait croître à un rythme au mieux modeste au cours des prochains mois. C'est ce que laisse croire l'évolution récente de l'Indice précurseur Desjardins dont les plus récentes données ont été publiées le 11 janvier sur le site Internet de cette institution financière. La performance du Québec serait ainsi inférieure à celle de l'économie canadienne et à celle de l'économie américaine. Consolation toutefois, il n'y a pas de signaux avancés d'une contraction de l'activité économique.

Ainsi, si vous êtes frustrés par le manque de vigueur de l'économie québécoise,vous ne pouvez compter sur un changement de tendance au cours des mois à venir. Même le scénario de croissance d'un peu plus de 1,5 % du PIB en 2012 apparaît ces temps-ci relativement optimiste. En outre, la marge de manoeuvre du gouvernement du Québec pour stimuler l'économie est plutôt restreinte.