mardi 31 janvier 2012

Zone euro : simple embellie ou amorce d'une reprise?

Des indicateurs avancés de l'économie ont récemment apporté une éclaircie dans les perspectives autrement sombres pour la Zone euro. Son Economic Sentiment Indicator, publié par la Commision européenne le 30 janvier, a affiché une première augmentation (0,6 %) en janvier; il demeure nettement en deça de la tendance de long terme, mais il s'agit de sa première hausse depuis mars 2011. L'indice des indicateurs avancés du Conference Board était en hausse en décembre (0,3 %), sa première depuis février 2011. L'évolution semestrielle de cet indice continue cependant de signaler une contraction de l'économie. Quant à l'indice composite provenant des résultats préliminaires de l'enquête mensuelle auprès des gestionnaires d'approvisionnement, il est très légèrement en territoire positif en janvier (50,4); il est à son plus haut en cinq mois. Toutefois, le sous-indice des nouvelles commandes, précurseur de l'activité à venir, est en recul pour un sixième mois consécutif.

Dans son rapport mensuel de janvier, la Banque centrale européenne indique que les perspectives économiques de la Zone sont marquées par un haut degré d'incertitude et des risques substantiels à la baisse, bien qu'elle s'attende à une reprise un peu plus tard cette année.

jeudi 26 janvier 2012

Révision des perspectives de l'économie mondiale

Les perspectives de croissance de l'économie mondiale en 2012 ont été révisées significativement à la baisse depuis quelques semaines. Le 24 janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué qu'il estime que le PIB mondial devrait croître de 3,3 % cette année, plutôt que de 4,0 % comme prévu en septembre dernier. Sa projection est semblable à celle de la Banque mondiale (3,4 %), publiée le 18 janvier, et à celles de l'OCDE (3,4 %) et du Conference Board (3,2 %) publiées en novembre dernier. La Banque du Canada se démarque, son estimation, rendue publique le 18 janvier, est à 2,9 %. Les principaux indicateurs avancés de l'évolution de l'économie (indices de l'OCDE, du Conference Board et du JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI) viennent appuyer ces perspectives de croissance modeste, notamment chez les économies dites avancées. Dans le cas de la Zone euro, c'est même une contraction de l'activité économique qui est prévue.

Le scénario de base de ces divers organismes est décrit avec un vocabulaire assez homogène, mais préoccupant, comme : incertitude, volatilité, fragilité, vulnérabilité, détérioration, intensification des risques à la baisse. Ces mots réflètent bien l'inquiétude des dirigeants de ces organismes quant aux perspectives à court terme de l'économie mondiale. Cette inquiétude est particulièrement présente dans l'analyse de la conjoncture économique et financière de la Zone euro et de ses retombées potentielles pour l'économie mondiale.

Sur le plan des politiques publiques, le FMI, dans sa mise à jour des perspectives de janvier, met l'accent sur l'importance de restaurer la confiance quant à la capacité d'agir des gouvernements, de  poursuivre l'assainissement graduel, et non précipité, des dépenses publiques, et de continuer d'appliquer une politique monétaire favorisant la croissance.

Enfin, les projections de croissance du PIB en 2012 pour les États-Unis (1,8 %) et le Canada (1,7 %) dans la mise à jour du FMI sont assez basses. Plusieurs indicateurs laissent croire qu'elle pourrait facilement dépasser les 2 % pour ces deux pays.  

jeudi 19 janvier 2012

Peut-on prendre au sérieux les projections de croissance de la Banque du Canada?

Qu'est-ce qui peut bien amuser les économistes de la Banque du Canada au moment de préparer leurs perspectives de croissance de l'économie canadienne? Jouent-ils au yoyo avec les projections du scénario de référence de la Banque?

En juillet dernier, le Rapport sur la politique monétaire de la Banque prévoyait une croissance annualisée du PIB réel de 2,8 % au troisième trimestre de 2011 et de 2,9 % au quatrième. Dans le rapport d'octobre, ces projections étaient ramenées respectivement à 2,0 % et 0,8 %. Peu de temps après leur publication, le Gouverneur de la Banque devait admettre publiquement que ces prévisions sous-estimaient probablement le rythme de croissance de l'économie canadienne. Dans son rapport du 18 janvier, la Banque établit à 3,5 % la croissance au troisième trimestre et estime à 2,0 % celle du quatrième. Dans ces circonstances, on peut s'interroger sur la solidité de ses projections de croissance du PIB de 1,8 % aux premier et deuxième trimestres de 2012.

Comment expliquer ces différences? Il y a bien sûr l'incertitude quant à l'évolution de l'économie mondiale et ses répercussions sur l'économie canadienne. En outre, les projections trimestrielles de la Banque sont publiées en taux annualisés, ce qui a tendance à accentuer les écarts. Pour atténuer cela, elle pourrait aussi présenter les pourcentages de variations trimestrielles et mettre l'accent sur ceux-ci dans ses publications. Moindres ainsi, en apparence, seraient les corrections aux prévisions.

Mais, il y a peut-être plus. La Banque serait-elle obsédée par le consensus ou la moyenne des prévisions du secteur privé ou la hantise de s'en écarter? Donne-t-elle suffisamment d'importance à la connaissance et à l'analyse des indicateurs avancés de l'évolution de l'économie?

Face à tant de mouvance dans les projections de la Banque, il y a des risques qu'elle ne soit pas prise suffisamment au sérieux lorsqu'elle envoie des messages aux Canadiens sur d'autres sujets, comme l'endettement des ménages.

Une question plus large s'impose tenant compte de la difficulté de prévoir les mouvements dans le cycle économique, les crises financières ou même la présence de bulles et leur éventuel éclatement : les économistes jouent-ils avec des outils d'analyse et de prévision dont on peut douter de la performance? En allant un peu plus loin : les économistes qui font des prévisions nuisent-ils à la crédibilité de la profession? Ils sont peu nombreux, reçoivent beaucoup d'attention et de visibilité, et leur évaluation est souvent basée sur leur capacité à avoir prévu un point de retournement récent dans le cycle. S'ils se trompent la fois suivante, on les oublie et on passe à une autre comète. Certains cyniques pourraient avancer que les économistes font des prévisions non pas en raison de leur justesse, mais parce que, tout simplement, on leur demande d'en faire.

P.S. : Malgré ce qui précède, je dois admettre que j'ai développé une certaine dépendance à tout ce qui se publie sur les perspectives économiques.

jeudi 12 janvier 2012

Perspectives de croissance modeste de l'économie québécoise

L'économie du Québec devrait croître à un rythme au mieux modeste au cours des prochains mois. C'est ce que laisse croire l'évolution récente de l'Indice précurseur Desjardins dont les plus récentes données ont été publiées le 11 janvier sur le site Internet de cette institution financière. La performance du Québec serait ainsi inférieure à celle de l'économie canadienne et à celle de l'économie américaine. Consolation toutefois, il n'y a pas de signaux avancés d'une contraction de l'activité économique.

Ainsi, si vous êtes frustrés par le manque de vigueur de l'économie québécoise,vous ne pouvez compter sur un changement de tendance au cours des mois à venir. Même le scénario de croissance d'un peu plus de 1,5 % du PIB en 2012 apparaît ces temps-ci relativement optimiste. En outre, la marge de manoeuvre du gouvernement du Québec pour stimuler l'économie est plutôt restreinte.