jeudi 27 octobre 2011

États-Unis : la récession devra encore attendre

Les plus récents indicateurs de l'évolution de l'économie américaine indiquent que sa croissance s’est améliorée ces derniers temps. Le PIB américain a crû à un rythme annuel de 2,5 % de juillet à septembre, soit mieux qu'aux deuxième (1,3 %) et premier (0,4 %) trimestres, selon les statistiques publiées le 27 octobre par le Bureau of Economic Analysis. Même les mises en chantier de logements se sont légèrement améliorées en septembre dernier, affichant un rythme annuel de 658 000, soit nettement mieux que les mois précédents et le meilleur résultat depuis avril 2010; mais, c'est bien en-deça encore du nombre suffisant pour envisager un regain significatif de la construction résidentielle.

Cette progression de l'économie américaine ne serait-elle qu'un sursaut avant des jours sombres? L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs avancés du Conference Board (CB) pointe vers une faible croissance au cours des prochains mois. L'économiste en chef de cet organisme évalue à 50 % la probabilité d'une nouvelle récession. En outre, les données du CB sur la confiance des consommateurs américains font état d'une accentuation de leur pessimisme en octobre par rapport à septembre dernier. Leur degré de pessimisme serait semblable à ce qui prévalait durant la récession de 2008-2009, ce qui n'augure rien de bon pour les dépenses de consommation des ménages au cours des prochains mois et leurs intentions d'achats de logements. Un bémol s’impose toutefois : les résultats des enquêtes sur la confiance des consommateurs ne sont pas toujours une représentation fidèle de leur comportement. À preuve, au troisìème trimestre, les dépenses personnelles de consommation ont significativement augmenté même si la confiance n’y était pas selon les enquêtes menées auprès d’eux. 

Quant à l'Economic Cycle Research Institute (ECRI), ses experts ont prédit, à la fin de septembre, que l'économie américaine se dirigeait vers une nouvelle récession en se basant sur l'évolution d'un ensemble d'indices d'indicateurs avancés. Ils ajoutaient à leur prédiction : «And there is nothing that policy makers can do to head it off.». En gens prudents, ils se sont bien gardés d'associer à cette prédiction une date de début de cette éventuelle récession.

 Dans son communiqué publié le 25 octobre et dans son Rapport sur la politique monétaire du 26, la Banque du Canada est moins pessimiste que l’ECRI. Elle s'attend à une croissance faible de l'activité économique aux États-Unis d'ici la fin du premier semestre de 2012, et non pas à une contraction.

Comme quoi les perspectives de l’économie américaine oscillent entre le scénario d’une croissance faible et celui d’un recul de l’activité économique pouvant se transformer en récession. Faut-il s’attendre dans ce contexte à une intervention des pouvoirs publics pour stimuler la croissance et l’emploi? Des propositions ont été avancées, mais la probabilité qu’elles soient adoptées est très faible dans le climat politique actuel.

Mise à jour du 22 novembre : Le Bureau of Economic Analysis a révisé à la baisse sa première estimation de la croissance du PIB américain au troisième trimestre. Il aurait crû de 2,0 % en rythme annuel, plutôt qu'à 2,5 %.

jeudi 20 octobre 2011

Perspectives de l'économie canadienne : des signaux inquiétants, mais d'autres encourageants

L'indice mensuel des indicateurs avancés de l'évolution de l'économie canadienne marque le pas depuis quelques mois, selon les données publiées le 19 octobre dans Le Quotidien de Statistique Canada (SC). Cela laisse présager un ralentissement important de la croissance au cours des prochains mois. Ce sont les marchés boursiers et la fabrication qui font mal paraître l'indice en septembre. Six des dix indicateurs composant l'indice sont tout de même en hausse.

Le secteur de la fabrication pourrait toutefois afficher de bons résultats à court terme, malgré ce que laissent croire les indicateurs avancés retenus par SC. L'enquête mensuelle de cet organisme auprès des manufacturiers révèle qu'en août dernier leurs commandes en carnet ont augmenté pour un huitième mois consécutif, et que leur ratio des stocks aux ventes était en baisse pour un deuxième mois de suite. Quant à l'enquête mensuelle RBC-Markit Economics auprès des directeurs d'achat de plus de 400 entreprises manufacturières canadiennes, elle signale qu'en septembre dernier les nouvelles commandes continuaient d'augmenter. Cette progression s'expliquait par une hausse de la demande des clients existants et de nouveaux clients. Presque trop beau pour être vrai dans le contexte de morosité qui prévaut actuellement.

Le Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada qui sera publié le 26 octobre, nous donnera une meilleure idée des perspectives de l'économie canadienne.

Mise à jour du 26 octobre : La Banque du Canada a revu à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie canadienne dans son Rapport sur la politique monétaire publié aujourd'hui. Si la Banque avait fait preuve d'un excès d'optimisme dans son rapport de juillet, elle est probablement trop pessimiste cette fois-ci, du moins quant aux projections de croissance à très court terme. Selon son scénario de référence, le PIB canadien ne progresserait que de 0,8 % en rythme annuel au quatrième trimestre. Cela semble plutôt bas comme estimation tenant compte des commandes en carnet des entreprises manufacturières et des mises en chantier de logements ces derniers temps. Pour les quatre trimestres de 2012, le scénario de référence de la banque est vraisemblable. En outre, la Banque considère que «...la détente monétaire en place au Canada est considérable.». Ce message peut être interprété comme signifiant que la Banque serait réfractaire à assouplir davantage sa politique monétaire advenant une détérioration des conditions économiques par rapport à son scénario de référence. Des mesures fiscales et budgétaires plus expansionnistes s'imposeraient alors.

mardi 18 octobre 2011

Chine : des avis partagés quant aux perspectives de croissance économique

Déjà un an que la banque centrale de Chine a amorcé sa politique de resserrement de l'expansion monétaire. Les autorités chinoises avaient alors laissé savoir qu'elles étaient prêtes à accepter une baisse de quelques points de pourcentage du taux de croissance du PIB en vue de contenir la progression des prix à la consommation. Toutefois, même si elle augmente moins fortement qu'en début d'année, la production a crû à un rythme annuel de 9,1 % au troisième trimestre en raison de la forte hausse de la demande intérieure. Rien de surprenant dans un tel contexte  à ce que l'indice des prix à la consommation augmente  d'un peu plus de 6,0 % ces temps-ci, soit nettement plus rapidement que l'objectif de 4 %, malgré les limites imposées à l'expansion monétaire et du crédit.

Les perspectives de croissance sont toutefois partagées chez les analystes. Il y a, d'une part, ceux qui croient à la continuité du ralentissement en douceur de la croissance du PIB et, d'autre part, ceux qui anticipent une baisse marquée du rythme de croissance. Le FMI est du camp des optimistes : dans ses perspectives de septembre dernier, il prévoit une croissance de 9,0 % du PIB chinois en 2012; celle-ci serait compatible avec un ralentissement à 3,3 % de la progression des prix à la consommation, selon cet organisme. Dans l'autre camp, on retrouve ceux qui craignent l'éclatement de ce qui serait une bulle immobilière, et ses conséquences sur la confiance des consommateurs et des entreprises et sur la disponibilité et l'accès au crédit. Des signaux de tensions financières sont d'ailleurs apparents dans la progression des coûts d'assurance (credit default swaps) encourus par les détenteurs d'obligations contre d'éventuels défauts de paiement des émetteurs. C'est une manifestation concrète de l'inquiétude grandissante des marchés financiers quant aux perspectives économiques de la Chine; mais, tout de même, des craintes moindres que celles suscitées par les difficultés de bon nombre de pays de la Zone euro.

Que laissent entrevoir les indicateurs avancés? L'indice mensuel de l'OCDE pour la Chine pointe depuis plusieurs mois vers un ralentissement significatif de la croissance. L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice du Conference Board laisse plutôt présager une poursuite de la croissance sans ralentissement majeur. Encore là des divergences, mais plus sur l'importance du ralentissement à venir que sur la tendance de fond.

Le gouvernement chinois ne semble pas sentir le besoin de modifier sa stratégie d'intervention. Sa priorité sur le plan économique demeure de contenir la progression des prix à la consommation.

Mise à jour du 24 octobre : Les résultats préliminaires de l'enquête mensuelle auprès des gestionnaires d'approvisionnement indiquent que le secteur de la fabrication en Chine reprend de la vigueur en octobre après quelques mois de stagnation. Les nouvelles commandes sont, entre autres, en hausse ce qui contribue à l'amélioration des perspectives économiques.

mardi 11 octobre 2011

Le ralentissement de l'économie mondiale se poursuivra

Les indicateurs avancés mensuels de l'OCDE pointent de nouveau vers un ralentissement significatif de l'économie mondiale au cours des prochains mois, selon les données publiées le 10 octobre sur le site Internet de cet organisme. Ce constat est valable tant pour ses pays membres que les principales économies émergentes.

Par ailleurs, les résultats des enquêtes mensuelles auprès des gestionnaires d'approvisionnement de près de trente pays laissent présager que l'activité économique mondiale continuera de progresser, mais à un rythme assez faible. L'indice des nouvelles commandes du JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI a légèrement augmenté de nouveau en septembre; cette hausse était cependant limitée au domaine des services. Le secteur de la fabrication a plutôt tendance à signaler une contraction de la production, les commandes y étant de nouveau en déclin.

Détails à :  http://www.oecd.org/home/0,3675,fr_2649_201185_1_1_1_1_1,00.html
                  http://www.markiteconomics.com/Survey/Page.mvc/home