lundi 26 septembre 2011

États-Unis : les craintes de récession demeurent, mais ce ne sont encore que des craintes

Les risques et les craintes de récession aux États-Unis sont encore bien présents, mais les indicateurs de l'évolution récente  de l'économie font état d'une croissance lente ou anémique plutôt que d'une récession. Le Chicago Fed National Activity Index, publié ce matin, indique que l'économie américaine continuait de progresser en août, mais à un rythme inférieur à la croissance moyenne de long terme. Cet indice demeure tout de même nettement au-dessus de la zone pouvant indiquer la vraisemblance du début d'une récession.

L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs avancés du Conference Board, publié le 22 septembre, laisse présager une croissance au mieux modeste au cours des prochains mois. Les indicateurs de la masse monétaire et des taux d'intérêt ont contribué à la hausse de l'indice en août, alors que des indicateurs liés à la production à venir ( ex. : nouvelles commandes de biens de consommation et de biens d'équipement) montrent des signes de faiblesse, ce qui contribue à augmenter l'inquiétude. L'indice hebdomadaire de l'Economic Cycle Research Institute (ECRI) est en baisse depuis quelques semaines, mais, lui aussi, laisse croire que la reprise économique aux États-Unis se poursuivra bien qu'à un rythme assez faible.

Rappelons que, la semaine dernière, le FMI a significativement revu à la baisse ses perspectives de croissance de l'économie américaine cette année et l'an prochain. Ses économistes ont aussi examiné les conséquences de la concrétisation de certains risques à la baisse de l'activité économique, et ils en sont venus à la conclusion que le scénario d'une nouvelle récession ne peut être écarté.    

jeudi 22 septembre 2011

Les perspectives de l'économie mondiale du FMI, septembre 2011

Le Fonds monétaire international (FMI) a publié le 20 septembre son édition semestrielle des Perspectives de l'économie mondiale. L'inquiétude est facilement palpable dans le contenu de ce rapport, notamment eu égard aux difficultés économiques des pays avancés. Les perspectives de croissance demeurent solides pour les pays en émergence, mais l'incertitude et les risques à la baisse gagnent là aussi du terrain.

La hausse projetée du PIB mondial est de 4,0 % en 2011 et en 2012, ce qui apparaît assez optimiste tenant compte de l'évolution actuelle de l'économie mondiale. Ces augmentations de la production mondiale de biens et services proviendraient avant tout des économies émergentes et en développement, dont le taux de croissance du PIB serait quatre fois plus important que celui des pays avancés cette année et un peu plus de trois fois l'an prochain.

Par rapport à la mise à jour de juin dernier des perspectives, les prévisions de croissance sont revues à la baisse pour la plupart des pays. Parmi les principaux pays dits avancés, les États-Unis et le Canada sont ceux pour lesquels les révisions à la baisse sont les plus importantes. L'estimation de la croissance du PIB canadien demeure tout de même plus élevée  que celle de la moyenne des pays avancés cette année (2,1 % versus 1,6 %), alors qu'elle est égale à la moyenne en 2012 (1,9 %).

Le FMI a aussi estimé les conséquences d'une détérioration importante des conditions économiques dans la Zone euro et aux États-Unis advenant l'occurrence de certains éléments qui ne sont pour l'instant que des facteurs de risque à la baisse. Il estime que ces deux économies passeraient ainsi d'un scénario de croissance faible à un scénario de récession au cours des prochaines années.

Comme à l'habitude, le FMI y va de ses prescriptions aux autorités politiques pour redresser la situation, mais on sent bien à leur lecture qu'il n'y a pas de solution facile et que la recherche de l'équilibre dans les interventions suggérées est un exercice périlleux.

Détails à :  http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2011/02/index.htm

lundi 19 septembre 2011

Récession : des repères

Le ralentissement économique des derniers mois a ramené à l'avant-scène le spectre d'une nouvelle récession. Mais, que signifie concrètement ce concept? Plusieurs analystes définissent une récession comme étant deux trimestres consécutifs de contraction de l'économie (PIB réel). Qu'en pensent les experts qui ont la responsabilité d'établir les dates de début et de fin des récessions au Canada et aux États-Unis?

Dans une étude spéciale, publiée en mars 2009 dans l'Observateur économique canadien (OEC) de Statistique Canada (SC), Philip Cross écrit ceci :

«...il convient de rappeler que ni Statistique Canada, ni le NBER [National Bureau of Economic Research] …se reportent exclusivement au PIB pour fixer les dates des récessions qui se produisent. Les deux organismes font expressément fi de la règle selon laquelle on conclut à une récession par deux reculs trimestriels consécutifs du PIB.»

Dans un article intitulé «Qu'est-ce qu'une récession?» de l'édition de mars 2009 de la revue Finances et Développement du FMI, ses auteurs présentent deux trimestres consécutifs de contraction du PIB comme étant une règle utile, mais incomplète pour déterminer s'il y a récession. En janvier 2009, The Economist y a référé comme étant «The popular rule of thumb…».

Le diagnostic de récession est en fait un jugement porté à partir de l'examen de l'évolution de plusieurs indicateurs macro-économiques, dont le PIB réel et l'emploi. Selon le NBER, le recul de l'activité économique doit être significatif et s'étendre, pendant plusieurs mois, à l'ensemble de l'économie. Une fois que le NBER, pour les États-Unis, et SC, pour le Canada, se prononcent sur le moment du début et celui de la fin d'une récession, leurs décisions respectives deviennent la référence officielle qui fait consensus chez les économistes.

Malgré ce qui précède, deux trimestres consécutifs de recul significatif du PIB réel, généralisé à l'ensemble de l'économie, peuvent constituer un indicateur valable de la vraisemblance
du début d'une récession en attendant que le NBER ou SC se prononcent, ce qui peut prendre bien du temps. On peut aussi supposer que deux trimestres consécutifs de progression significative du PIB réel, après une période de baisse marquée de l'activité économique, constitueraient un signal non négligeable de la vraisemblance d'une reprise, et donc de la fin probable d'une récession.

Ralentissement


Dans une autre étude spéciale publiée en décembre 2010 dans l'OEC, Philip Cross examine les périodes de ralentissement économique durant les phases d'expansion au Canada depuis la fin de 1982, ce qui, par définition, exclut les périodes de récession. Il en a recensé dix, soit une presque tous les deux ans, d'où l'importance d'être prudent avant d'avancer tout diagnostic de récession.
Les ralentissements sont en quelque sorte une pause de croissance dans une phase d’expansion. Ils peuvent être identifiés par une croissance faible ou une stagnation ou encore une faible baisse de l’activité économique perceptible dans l’évolution à court terme du PIB réel ou de l’emploi.
 
Récession et dépression

La revue The Economist, en page 57 de son édition du 3 janvier 2009, examine la différence entre une récession et une dépression. Avant la deuxième guerre mondiale, le mot récession n'était pas utilisé pour désigner une contraction importante de l'économie. Les phases d'expansion étaient suivies de dépressions plus ou moins longues ou sévères. Voulant éviter de rappeler dans l'imagination des gens la grande dépression des années 1930, on substitua le mot récession au mot dépression après la deuxième guerre. Cependant, l'article de la revue fait référence à des écrits qui distinguent encore aujourd'hui récession et dépression, en se basant sur leurs causes et leur sévérité.

Sur une note un peu plus légère, l'ex-président américain Harry Truman s'est essayé à distinguer récession et dépression : une récession, selon lui, c'est quand votre voisin perd son emploi; une dépression, c'est lorsque vous perdez le vôtre. Lors de la campagne à la présidence de 1980, Ronald Reagan a repris cette distinction et y a ajouté qu'une reprise c'est quand Jimmy Carter, alors Président, perd le sien. Ironie du sort, le premier mandat de Reagan à la présidence fut marqué par l'une des deux plus sévères récessions de la deuxième moitié du vingtième siècle.

Crise et dépression

Pour ce qui est de l'expression crise économique, elle était jadis synonyme de dépression économique. Ces expressions sont en quelque sorte devenues désuètes avec l'adoption du terme récession pour désigner les phases baissières des cycles économiques. Il faut dire aussi que les contractions économiques ont été beaucoup moins sévères qu'auparavant après la deuxième guerre mondiale en raison notamment des interventions publiques de type keynésien pour empêcher une baisse trop prononcée de l'économie et pour stimuler la relance. Advenant un nouveau fléchissement de l'activité économique de l'ampleur de celui de la Grande dépression des années 1930, il ne faudrait pas se surprendre d'un retour de l'expression dépression économique dans les analyses de la conjoncture. Qui sait?

Si l'expression crise économique est démodée, le mot crise est bien de son temps dans l'expression crise financière. Celle-ci est en effet bien présente dans les analyses et les commentaires lorsqu'il s'agit de faire état des conditions prévalant sur les marchés financiers en période particulièrement troublée, comme celle que nous connaissons depuis 2007-2008. Les crises financières provoquent normalement des récessions plus prononcées que celles qui découlent d'un resserrement de la politique monétaire en vue de juguler l'inflation.


Ralentissement, récession, dépression et crise sont des concepts qui évoluent dans le temps en fonction du développement des connaissances, de l'expérience et de l'usage. Il faut cependant éviter les raccourcis qui nuisent à une bonne compréhension des phénomènes qu'ils tentent de décrire.

  

jeudi 15 septembre 2011

Les perspectives économiques du Japon s'améliorent graduellement

Diverses sources viennent confirmer que l'économie du Japon prend progressivement du mieux depuis les catastrophes de mars dernier. Après trois trimestres consécutifs de contraction de l'activité économique, ce pays renoue avec la croissance au cours du présent trimestre, notamment en raison des efforts de reconstruction. Les indices des indicateurs avancés, le rapport mensuel de septembre de la Banque du Japon et l'évaluation intérimaire de l'OCDE de la semaine dernière pointent vers une amélioration ces temps-ci des conditions économiques de la troisième économie en importance dans le monde. Certains, dont l'OCDE, prévoient cependant que la reprise pourrait déjà marquer le pas au quatrième trimestre; les rapports récents des enquêtes auprès des gestionnaires d'approvisionnement laissent aussi planer des doutes sur la solidité de la reprise.

La semaine prochaine, le FMI viendra ajouter son évaluation de l'économie du Japon dans ses Perspectives économiques mondiales. Quant aux organismes de prévision consultés par The Economist ( édition du 10 septembre), ils prévoient, en moyenne, que le PIB japonais devrait croître de 2,5 % en 2012, l'intervalle des prévisions allant de 1,2 % à 3,5 %. C'est nettement mieux que ce qui est prévu pour la Zone euro et les États-Unis, mais, attention, l'économie du Japon a, depuis les années 1990, eu tendance à démontrer aux prévisionnistes qu'il faut être très prudent dans toute estimation relativement optimiste de sa performance à venir.

Mise à jour du 20 septembre : Dans ses Perspectives économiques mondiales publiées ce matin, le FMI prévoit que le PIB du Japon devrait croître de 2,3 % en 2012; en juin dernier, son estimation était plutôt à 2,9 % de croissance.

jeudi 8 septembre 2011

Dégradation des perspectives économiques, selon l'OCDE

L'OCDE a révisé à la baisse ses perspectives de croissance économique dans le monde. Sa mise à jour des perspectives du printemps dernier a été publiée ce matin sur le site Internet de cet organisme. La reprise chancelle, notamment dans les pays industrialisés, et la croissance des économies émergentes ralentit quelque peu, bien qu'elle demeure forte.

L'OCDE met l'accent dans son communiqué sur l'importance de «...rétablir la confiance.». Les économistes de cet organisme soulignent aussi que : « L'incertitude entourant les prévisions est anormalement forte», et c'est probablement pourquoi l'examen intérimaire, tel que publié, ne comporte des révisions que pour les troisième et quatrième trimestres de cette année et ce, que pour un nombre limité de pays.

En outre, l'indice mensuel JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, publié le 6 septembre sur le site Internet de Markit Economics, va aussi dans le sens d'un ralentissement marqué de la croissance économique mondiale ces temps-ci, principalement en raison de la stagnation de l'activité dans le secteur manufacturier. L'expansion dans les services demeure modeste. Plus inquiétant encore pour les perspectives à court terme : la faible progression des nouvelles commandes; elles ont même diminué dans la fabrication pour un deuxième mois consécutif en août.

Mise à jour du 12 septembre : L'OCDE a publié ce matin ses indices des indicateurs avancés pour ses pays membres ainsi que les principales économies émergentes. Ces indices signalent que la tendance au ralentissement économique se poursuivra au cours des prochains mois. Cette tendance est importante et généralisée. Il y a bien quelques exceptions, comme la Nouvelle-Zélande, Israël, la Suède et l'Afrique du Sud où les indicateurs avancés pointent encore vers l'expansion de leurs économies.

Tous ces indicateurs laissent présager que le FMI va revoir significativement à la baisse ses «Perspectives économiques mondiales» qui devraient être publiées bientôt.

mercredi 7 septembre 2011

La Banque du Canada devra réviser à la baisse ses perspectives de croissance de l'économie canadienne

Les récents développements économiques sur la scène mondiale pèseront sur les perspectives de l'économie canadienne, mais la Banque du Canada, dans son communiqué d'aujourd'hui, anticipe tout de même une croissance de l'activité économique au cours du présent semestre. (Rappelons que le PIB canadien a diminué à un taux annualisé de 0,4 % au deuxième trimestre.) Ce n'est toutefois qu'à la fin d'octobre prochain que la Banque fera connaître ses projections révisées pour les économies canadienne et mondiale.

En juillet dernier, dans son Rapport sur la politique monétaire, la Banque prévoyait une croissance annualisée du PIB de près de 3,0 % aux troisième et quatrième trimestres de cette année ainsi qu'au premier trimestre de l'an prochain. Cependant, ce scénario peut difficilement tenir dans le contexte actuel. L'indice des indicateurs avancés de Statistique Canada n'a que faiblement augmenté en juin et en juillet; son évolution récente laisse donc présager une croissance plutôt anémique dans les prochains mois. En outre, au deuxième trimestre, les stocks ont augmenté plus que les autres composantes de la demande intérieure, ce qui, normalement, suscite une plus grande prudence chez les producteurs dans les mois suivants. Quant aux perspectives de l'économie mondiale, elles laissent peu de place à une amélioration significative des exportations nettes du Canada au cours des prochains mois. On peut donc déjà anticiper une révision à la baisse des estimations de croissance de l'économie canadienne pour les troisième et quatrième trimestres et probablement aussi pour 2012.

Tout n'est cependant pas marqué du sceau de la morosité. La Banque prévoit que les investissements des entreprises et les dépenses des ménages devraient continuer de progresser. En outre, l'indice PMI RBC sur le secteur manufacturier canadien s'est amélioré en août par rapport aux mois précédents.

Mise à jour du 20 septembre : L'indicateur composite avancé de Statistique Canada continue, en août, de pointer vers une croissance faible de l'économie canadienne au cours des mois à venir. Cet indicateur a stagné le mois dernier par rapport à juillet, selon les données publiées aujourd'hui par cet organisme. Point positif toutefois, six des dix composantes de l'indicateur ont poursuivi leur progression en août. Ces hausses ont été contrées par la baisse notamment des indices des marchés bousiers et du logement.

En outre, dans ses Perspectives économiques mondiales publiées ce matin, le FMI a significativement révisé à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie canadienne, faisant passer son estimation de la croissance du PIB de 2,9 % à 2,1 % cette année, et de 2,6 % à 1,9 % en 2012.

Atténuation des perspectives de croissance de l'économie québécoise

L'Indice précurseur Desjardins a de nouveau affiché une faible progression en juillet dernier, selon les données publiées aujourd'hui sur le site Internet de cette institution financière. L'évolution récente de cet indice ainsi que les perspectives économiques à la baisse chez les principaux partenaires économiques du Québec laissent présager une croissance assez modeste de l'économie québécoise au cours des prochains mois. D'ailleurs, Desjardins a significativement corrigé à la baisse, en août, son estimation de la croissance du PIB québécois cette année et l'an prochain. En 2011, la croissance serait de 1,7 %, et non plus 2,2 % comme estimé auparavant; en 2012, elle est aussi évaluée à 1,7 %, plutôt que 2,3 %.