mercredi 30 septembre 2015

Le PIB réel du Canada s'approche de son sommet de décembre dernier

Le PIB réel par industrie du Canada a connu une deuxième hausse mensuelle consécutive en juillet, selon les données publiées le 30 septembre par Statistique Canada. Il s'approche ainsi de son sommet atteint en décembre dernier.

mardi 29 septembre 2015

Révision statistique et récession

Bien des gens ont avancé que l'économie canadienne était en récession au premier semestre de 2015, son PIB réel ayant diminué de 0,2 % au premier trimestre et de 0,1 % au deuxième. J'ai déjà eu l'occasion d'indiquer dans des articles antérieurs qu'il est hasardeux de se baser sur un seul indicateur  pour déterminer l'occurrence d'une récession, notamment si ses variations sont peu importantes et sujettes à révision. Dans le passage qui suit, le Comité de datation des cycles économiques de la Zone euro donne un bon exemple de la fragilité de toute décision de récession qui s'appuierait uniquement sur le PIB réel :

"For instance, the committee did not declare a recession in 2001 in spite
of reported negative GDP growth in then-available data because it did not observe a decline in employment. Subsequent data revisions vindicated the judgment of the Committee by providing a more positive assessment of business conditions in the euro area then prevailing, with the most recent figures (…) indicating an increase instead of a decline in the real GDP growth rate. The often dramatic effect of these data revisions on the estimate of growth since April 2002 is
illustrated in the following graph which depicts the estimated GDP growth rate in 2001Q4 in several vintages of data (available in real-time), reported in the x-axis. For example, in April 2002, GDP growth rate was stated as -0.16, but it was revised to be 0.10 in April 2009.



 
Source : Centre for Economic Policy Research, Euro Area Business Cycle Dating Committee, November 2012, page 4
http://www.cepr.org/Data/Dating/Dating-Committee-Findings-Nov-2012.pdf



samedi 12 septembre 2015

Équilibre budgétaire et récession au Canada





La «Loi fédérale sur l’équilibre budgétaire» est entrée en vigueur le premier juillet dernier. Cette loi précise que le budget du gouvernement ne peut afficher un déficit annuel, sauf en cas de récession ou de situation exceptionnelle, et que tout surplus va à la diminution de la dette. Elle suscite bien des interrogations et ce, davantage par ce qui en est absent  que par ce qui s’y trouve advenant une récession.


Les gouvernements n’ont pas l’habitude d'annoncer les récessions. Ils sont en général les derniers à admettre leur occurrence, mais les premiers à voir poindre une éventuelle reprise. Cela dit, il reste que l’on s’attend normalement à ce que les gouvernements adoptent des mesures pour atténuer les effets des phases de ralentissement ou de contraction de l’économie, quitte à y mettre fin graduellement une fois que la croissance est de retour.


La nouvelle législation ne vient pas préciser si des déficits peuvent être acceptables en raison  du coût d’éventuelles mesures budgétaires pour stimuler l’économie. On en déduit qu'au minimum, un déficit provenant d’une diminution des revenus du gouvernement, due à la baisse de l’activité économique, est possible. 


Ce qui peut devenir particulièrement difficile et problématique en vertu de cette loi, c’est d’identifier à partir de quel moment le gouvernement peut mettre en oeuvre des mesures budgétaires pour contrer en tout ou en partie une récession. Lui faut-il attendre que Statistique Canada ait fait état «…d’au moins deux trimestres consécutifs de croissance négative du produit intérieur brut réel du Canada…»*?


Comme cet organisme prend deux mois pour recueillir, compiler et publier les statistiques pertinentes, se peut-il que ce ne soit que huit mois après le début d’une récession qu’un déficit soit légalement acceptable? Ajoutez ensuite au moins un trimestre pour approuver, annoncer et mettre en œuvre des mesures budgétaires visant à stimuler l’économie, le gouvernement est ainsi facilement rendu à la fin du quatrième trimestre depuis le début de la récession pour effectuer des déboursés ou se priver de revenus. Ce scénario n’est valable que si les fonctionnaires ont pu, au préalable, concevoir et développer des mesures budgétaires appropriées aux circonstances.


Or, au Canada, il y a eu neuf récessions entre 1950 et 2014, en excluant les périodes de ralentissement ou de faible contraction de l’activité économique. Leur durée moyenne a été de quatre trimestres. Quel peut être alors l’impact du déficit sur le cycle économique s’il survient après quatre trimestres de contraction? Il risque bien d’avoir l’effet pervers de contribuer à accentuer la phase d’expansion du cycle plutôt que d’atténuer sa phase de contraction. Il n’aurait un effet anticyclique que si une récession va bien au-delà de leur durée moyenne.


La législation ne vient-elle pas ainsi limiter de façon importante la marge de manœuvre du gouvernement pour stimuler l’économie au cours d’une récession? On peut se demander si le gouvernement aurait pu intervenir comme il l’a fait au début de la récession de 2008-2009, récession qui n’a duré que trois trimestres au Canada, si cette loi avait été en vigueur à ce moment-là. Elle aurait probablement fait en sorte que la récession soit plus longue et plus sévère qu’elle ne l’a été.

Par ailleurs, la Banque du Canada avait déjà suffisamment de signaux de ralentissement de l’économie pour décider en janvier dernier de diminuer ses taux d’intérêt, geste qu’elle a répété en juillet. Elle n’avait pas besoin d’attendre de connaître les statistiques sur le PIB pour poser son diagnostic sur la situation économique. Pourquoi le gouvernement, lui, devrait-il attendre  au moins huit mois pour agir en utilisant sa politique fiscale et ce, uniquement dans un contexte de récession? Même une période de ralentissement ou de stagnation prolongés ne peuvent justifier un déficit budgétaire en vertu de la nouvelle législation. Pourtant, n'est-ce pas ce qui serait suffisant pour éviter parfois que l’un ou l’autre se transforment en récession?

L’exigence légale d’équilibre budgétaire, telle qu’elle se présente depuis juillet dernier, laisse reposer davantage qu’auparavant le fardeau des mesures anticycliques sur la politique monétaire. Or, dans un contexte de surchauffe de l’économie et d’inflation, c'est la politique monétaire qui est mise à contribution pour juguler l’accélération de la hausse des prix. Sans que ce soit voulu, cela peut même entraîner une récession sévère, comme ce fut le cas notamment en 1981-1982. La politique monétaire poursuivant dans de telles conditions un objectif légitime eu égard aux prix, comment serait-il possible d’intervenir efficacement sur le plan budgétaire pour atténuer les effets d'une récession tenant compte du carcan additionnel de la nouvelle loi sur la capacité d’agir du gouvernement fédéral?

En conclusion, cette législation confirme la volonté de l’État d’atteindre l’équilibre budgétaire à chaque année. Elle est toutefois particulièrement floue sur ce qu’il est possible de faire et à quel moment advenant une récession.  Elle a aussi l’inconvénient de venir donner une certaine crédibilité à une définition de récession qui était réfutée par les économistes de Statistique Canada (SC) lorsque cet organisme était l’arbitre de la datation des cycles économiques, soit jusqu’en 2012. Cette définition est tout autant rejetée maintenant par le Conseil sur les cycles d’affaires de l’Institut C. D. Howe, organisation qui a pris le relais de SC à cet égard.

*Extrait de la définition de récession dans la loi.
 

mardi 8 septembre 2015

Scénario de croissance faible au Canada

Les indicateurs avancés de l'OCDE pour le Canada pointent de nouveau vers une croissance faible de l'activité économique au cours des mois à venir. Les plus récentes données mensuelles de cet organisme à ce sujet ont été publiées le 8 septembre.


jeudi 3 septembre 2015

Économie mondiale : de nouveaux signes de manque d'élan de la croissance

Une note du personnel du FMI, publiée préalablement à la réunion des 4 et 5 septembre des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des participants au G-20, fait le point sur la conjoncture économique mondiale. On y indique, entre autres, que la croissance au premier semestre de cette année a été inférieure à celle déjà plutôt modeste du deuxième semestre de l'an dernier. La note fait cependant état d'un optimisme modéré de ses auteurs pour les prochains semestres. En même temps, on y signale que les risques demeurent à la baisse, et que leur éventuelle concrétisation pèserait sur les perspectives de croissance. Le risque d'une stagnation prolongée chez les pays développés est d'ailleurs évoqué dans cette analyse.

En outre, les plus récents résultats des enquêtes mensuelles auprès des gestionnaires d'approvisionnement (indices PMI) montrent que l'expansion de l'économie va de modeste à modérée ce trimestre-ci, selon les données publiées le 3 septembre par Markit Economics sur l'évolution du J.P. Morgan Global Manufacturing & Services PMI.

Le Canada est ces temps-ci en ralentissement économique prononcé; la conjoncture internationale va difficilement contribuer à une amélioration de ses perspectives.

Lien vers la note du personnel du FMI :
http://www.imf.org/external/np/g20/090415.htm

Lien vers le communiqué de Markit Economics :
http://www.markiteconomics.com/Survey/PressRelease.mvc/8ae9460470fc42aa85ed4b394308f420