jeudi 23 février 2012

Les marchés boursiers comme indicateur avancé de l'évolution de l'économie

Tous les économistes connaissent la célèbre boutade de Paul A. Samuelson (1966) à l'effet que le marché boursier a prédit neuf des cinq dernières récessions. Mais, qu'en est-il au juste? Est-ce que les indices du prix des actions des entreprises cotées en bourse contribuent à anticiper l'évolution de l'économie, dont les points de retournement dans son cycle?

Pour être retenue comme indicateur précurseur, une variable doit avoir une importance significative dans l'économie. Elle doit aussi passer le test du temps, c'est-à-dire avoir démontré historiquement qu'elle devance de quelques mois l'activité économique et ses fluctuations. Les indices boursiers, même s'ils fluctuent pour diverses raisons, semblent satisfaire à ces conditions pour de nombreuses économies.

En effet, à l'OCDE, les cours des marchés boursiers sont l'une des composantes de ses indices composites mensuels des indicateurs avancés pour dix-neuf de ses trente-trois pays membres et pour six pays émergents non membres pour qui cet organisme produit de tels indices. Le Conference Board publie des indices mensuels d'indicateurs avancés pour dix pays et la Zone euro; seul celui de la Chine ne comporte pas d'indice boursier. Le Japan Cabinet Office, Statistique Canada et Desjardins produisent aussi des indices d'indicateurs avancés, et ces trois organismes retiennent,  comme l'une des composantes, un indice de l'évolution du prix des actions des entreprises.

Toutefois, et cela est étonnant et intriguant, le Conference Board retient les cours boursiers comme composante de ses indices pour l'Allemagne, le Mexique et l'Espagne, alors que l'OCDE s'en abstient; celle-ci les inclut pour la Chine, alors que, comme indiqué précédemment, le Conference Board les exclut.

Si, malgré ce qui précède, vous êtes, tout comme Samuelson, parmi les sceptiques quant au rôle des marchés boursiers comme indicateur avancé de la tendance future de l'économie, citons une autre source pour tenter de vous en convaincre. Les auteurs de l'encadré 1.3 des Perspectives de l'économie mondiale du FMI de septembre 2011 posent la question suivante : «La baisse des cours boursiers est-elle un signe avant-coureur d'une récession?». Pour y répondre, ils ont examiné le cas des pays du G7. Leur analyse a démontré que pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et le Japon, le prix des actions joue un rôle important comme indicateur précurseur d'une éventuelle récession. Pour le Canada et l'Allemagne, la méthode utilisée n'a pas mis en évidence une telle capacité d'anticipation d'une phase baissière du cycle économique. (Cela n'empêche pas l'OCDE et Statistique Canada, sur la base de leurs propres critères, de retenir le S&P/TSX comme indicateur avancé de l'évolution de l'économie canadienne.) En ce qui concerne l'Italie, d'autres variables financières ont plus d'importance que le cours des actions. Les auteurs de cette étude concluent, notamment, que «...les responsables politiques doivent donc être attentifs aux fortes baisses des cours boursiers, car elles sont liées à un risque accru de nouvelle récession.»

L'indice boursier pour le monde (MSCI ACWI) ainsi que l'indice pour les pays développés et celui pour les économies émergentes sont en hausse ces temps-ci. Serait-ce de bon augure pour les perspectives à court terme de l'économie mondiale?

mardi 21 février 2012

La vigueur de l'économie américaine tend à se confirmer

L'économie des États-Unis continue de croître à un rythme soutenu, et les indicateurs avancés de son évolution laissent croire qu'il en sera ainsi au cours des mois à venir. Le Chicago Fed National Activity Index a progressé de nouveau en janvier dernier, selon les données publiées le 21 février sur le site Internet de la Federal Reserve Bank of Chicago. Cet indice indique que l'activité économique a récemment crû légèrement plus rapidement que la tendance de long terme. L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs avancés du Conference Board, publié le 17 février, pointe vers la poursuite de l'expansion à court terme. Autre signe précurseur que l'économie va bien, jusqu'à maintenant en février, les demandes initiales d'assurance-chômage continuent leur tendance à la baisse. En outre, les mises en chantier de logements, bien qu'étant encore très faibles sur une base historique, se sont chiffrées à plus ou moins 700 000 en rythme annuel en novembre, décembre et janvier derniers, ce qui ne s'était pas vu au cours des trois dernières années.

Quant aux prévisions de croissance du PIB pour cette année, les organismes consultés par la revue The Economist l'estiment en moyenne à 2,0 %, tout comme le Conference Board. Les quarante-cinq prévisionnistes sondés par la Federal Reserve Bank of Philadelphia la projettent en moyenne à 2,3 %, alors que les membres du Federal Open Market Committee et les présidents des diverses banques fédérales ont des projections qui se situent dans un intervalle allant de 2,1 % à 3,0 %. 

lundi 20 février 2012

Japon : nouvel essai vers la zone de croissance

Le Japon a connu plus que sa part de difficultés en 2011, et cela s'est répercuté sur ses résultats sur le plan économique. Ce pays a connu trois trimestres de contraction de l'activité économique l'an dernier, dont une baisse de 0,6 % (-2,3 % en rythme annuel) du PIB au quatrième trimestre; seul le troisième trimestre faisait exception à la tendance.

Toutefois, un peu d'espoir pointe à l'horizon. Des signaux de légère amélioration sont perceptibles dans les indicateurs avancés de l'évolution de l'économie. Les indices de ces indicateurs en provenance de l'OCDE, du Conference Board et du Japan Cabinet Office  laissent présager une croissance lente ou modeste au cours des prochains mois. La Banque du Japon estime, dans son rapport du 15 février, que les perspectives à court terme pointent plutôt vers une stagnation de l'activité économique. Rien de surprenant alors à ce qu'elle ait décidé à la mi-février d'accentuer le degré de détente monétaire en accroissant se achats d'obligations gouvernementales de long terme. Cette mesure vise à faciliter la reprise et à contribuer à une légère hausse des prix dans un contexte de déflation endémique. Elle pourrait aussi avoir pour effet d'endiguer la pression à la hausse sur le yen qui nuit à la compétitivité des exportations japonaises.

Tenant compte de ce qui précède, les projections de croissance de l'économie japonaise cette année apparaissent légèrement optimistes. Les organismes consultés par The Economist prévoient une augmentation du PIB de 1,6 % en moyenne; l'intervalle de ces prévisions se situe entre 0,7 % et 2,5 %. Le FMI prévoit une croissance de 1,7 %.

mercredi 15 février 2012

Quelle est la marge de manoeuvre des gouvernements des pays émergents pour, au besoin, stimuler leur économie?

La revue The Economist, dans son édition du 28 janvier dernier (p. 75), propose une grille d'analyse pour répondre à cette question. Cinq des variables retenues sont en lien avec la politique monétaire (inflation, crédit bancaire, taux d'intérêt réel, fluctuations de la devise, solde du compte courant) et deux avec la politique fiscale (dette du gouvernement, déficit budgétaire structurel en pourcentage du PIB). Il en résulte un indice de la marge de manoeuvre où la Chine, la Russie, le Chili et quelques autres pays se retrouvent dans la catégorie des pays émergents en ayant le plus. Le Mexique, Hong Kong et l'Afrique du Sud sont des exemples de pays apparaissant dans la catégorie intermédiaire. Le Brésil, l'Inde, la Hongrie et quelques autres en auraient le moins. Intéressant comme outil d'analyse : une approche équivalente a-t-elle été développée pour comparer des pays développés ou des États fédérés?

lundi 13 février 2012

Perspectives de l'économie mondiale : des indices précurseurs encourageants

Après avoir anticipé pendant plusieurs mois un ralentissement généralisé de l'activité économique dans le monde, les indices des indicateurs avancés de l'OCDE donnent des signaux précurseurs d'un changement de momentum ou de dynamique, selon le communiqué et les statistiques publiés le 13 février sur le site Internet de cet organisme. Ce changement serait perceptible principalement aux États-Unis et au Japon, mais aussi dans d'autres économies développées ainsi qu'en Inde et en Russie. En Zone euro et au Royaume-Uni, les indices pointent encore vers un ralentissement, mais il serait moins prononcé qu'auparavant.

Quant à l'indice JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, il signale que l'expansion de l'économie mondiale se serait accélérée en janvier dernier, principalement aux États-Unis. Le sous-indice des nouvelles commandes laisse présager que cette tendance se poursuivra au cours des mois à venir. Le prix du cuivre à la hausse ces derniers temps est un autre indicateur avancé de l'amélioration des perspectives économiques.

jeudi 9 février 2012

États-Unis : perspectives de croisssance modeste à modérée

Aux États-Unis, la croissance modérée du quatrième trimestre devrait se poursuivre au cours des prochains mois. L'emploi augmente et les demandes initiales d'assurance-chômage poursuivent leur tendance à la baisse, ce qui devrait stimuler la confiance des consommateurs et, par conséquent, leur propension à dépenser. Les enquêtes ISM de janvier dernier auprès des gestionnaires d'approvisionnement indiquent que les nouvelles commandes augmentent significativement tant dans la fabrication que les services, signe avant-coureur de la continuité de l'expansion dans la production. Toutefois, les indices des indicateurs avancés du Conference Board et de l'Economic Cycle Research Institute laissent, pour l'instant, présager une croissance plutôt lente ou modeste de l'activité économique au cours des mois à venir.

mercredi 8 février 2012

La Chine semble réussir son atterrissage en douceur

La Chine semble réussir son atterrissage en douceur si l'on se fie aux statistiques officielles de ce pays. Le fléchissement léger et graduel du rythme de croissance de l'activité économique s'accompagne d'une  modération de la progression des prix à la consommation. Parmi les principales économies, c'est celle de la Chine qui devrait connaître la croissance la plus robuste de son PIB cette année, soit entre 8,0 % et 8,5 %. En outre, parmi les économies émergentes, la Chine est de celles qui auraient le plus de flexibilité pour éventuellement stimuler leur économie en utilisant les politiques monétaire et fiscale, selon une analyse publiée dans l'édition du 28 janvier de la revue The Economist. Pour l'instant, la politique monétaire demeure prudente, bien qu'un premier relâchement de la pédale de frein se soit manifesté à la fin de l'an dernier par une baisse des réserves exigées aux banques.

Sur le plan des indicateurs avancés, l'indice du Conference Board pour la Chine laisse présager un fléchissement modéré de la croissance au cours des prochains mois. Par contre, l'indice HSBC provenant de l'enquête auprès des gestionnaires d'approvisionnement pointe vers un ralentissement important de la croissance.

mardi 7 février 2012

Détérioration des perspectives de l'économie québécoise

Depuis février 2011, l'économie québécoise stagne et les perspectives à court terme ne sont guère encourageantes. L'Indice précurseur Desjardins est en légère baisse depuis juillet dernier, selon les données publiées le 6 février sur le site Internet de cette institution financière. En outre, l'Indice PMI-RBC des directeurs d'achats de l'industrie manufacturière fait état d'une détérioration de la conjoncture dans ce secteur au Québec en raison, entre autres, d'une baisse des nouvelles commandes en janvier dernier. L'évolution récente de cet indice suggère que le secteur de la fabrication se dirige vers une contraction ces mois-ci.

Ainsi, les prévisions de croissance de l'économie québécoise cette année seront vraisemblablement révisées à la baisse bientôt. La préparation du prochain Budget du Québec ne pourra faire autrement que d'envisager des mesures de stimulation de la croissance, même si la marge de manoeuvre du gouvernement est plutôt limitée.

mercredi 1 février 2012

Perspectives d'amélioration de la croissance au Canada

L'économie canadienne a fait du surplace en octobre et en novembre derniers. Son PIB a diminué de 0,1 % en novembre, après être demeuré stable en octobre, selon les données publiées le 31 janvier par Statistique Canada (SC). Toutefois, les indicateurs avancés de son évolution laissent présager une  amélioration au cours des prochains mois. L'indice composite  de SC de ces indicateurs a progressé de 0,8 % en décembre et de 0,9 % en novembre, ce qui est de bon augure.

Quant au secteur de la fabrication, il devrait porsuivre son expansion si l'on se base sur la valeur des commandes en carnet  provenant de l'enquête mensuelle de SC auprès des manufacturiers. Cependant, l'indice des nouvelles commandes de l'indice global PMI RBC sur l'industrie manufacturière canadienne signale une faible augmentation des nouvelles commandes en janvier, selon les informations publiées le premier février sur le site Internet de Markit Economics. Advenant que ce soit là une nouvelle tendance, il pourrait s'en suivre un fléchissement important du rythme de croissance dans le secteur de la fabrication.