mardi 30 août 2011

Détérioration des perspectives économiques de la Zone euro

Après un ralentissement important de la croissance au deuxième trimestre, plusieurs s'attendaient à un retour à une croissance modérée de l'activité économique aux troisième et quatrième trimestres de cette année dans la Zone euro. Toutefois, l'évolution récente de plusieurs indicateurs avancés laisse présager, au mieux, une croissance léthargique d'ici la fin de 2011.

En août, l'Economic Sentiment Indicator passe en-dessous de la tendance moyenne de long terme pour la Zone euro et l'ensemble de l'UE. La détérioration de la confiance est assez généralisée, mais elle est un peu plus accentuée dans les services, le commerce de détail et chez les consommateurs, d'après l'information publiée ce matin (30 août) sur le site Internet de la Commission européenne. Dans le secteur industriel, malgré la baisse récente de la confiance, l'indice demeure tout de même au-dessus de la tendance de long terme. Les industriels s'inquiètent de l'évolution des commandes en carnet qui viennent influencer à la baisse leurs anticipations quant à la production; ils jugent aussi que leurs stocks sont trop importants, ce qui vient aussi peser sur les perspectives de production.

L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs économiques avancés du Conference Board pour la Zone euro, publié le 26 août, vient aussi appuyer un scénario de croissance lente dans les mois à venir. Depuis mars dernier, cet indice n'a pratiquement pas bougé.

Les résultats préliminaires de l'enquête mensuelle auprès des gestionnaires d'approvisionnement (l'Indice PMI Flash Composite, disponible sur le site de Markit Economics depuis le 23 août) donnent aussi des signaux de ralentissement de la croissance dans la Zone euro. L'évolution de l'indice des nouvelles affaires dans les domaines des services et de la fabrication a de quoi inquiéter quant aux perspectives de production.

La décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'augmenter son taux directeur, le faisant passer de 1 % à 1,5 % d'avril à juillet, suscite de plus en plus de critiques chez les analystes dans un contexte de perspectives économiques à la baisse et de difficultés majeures de refinancement de la dette publique de plusieurs pays de la Zone euro. Comme l'austérité budgétaire s'impose de plus en plus parmi les solutions aux problèmes de déficits et de dettes, la politique monétaire doit demeurer accommodante, malgré l'inflation, afin de ne pas accentuer la détérioration de l'économie.

Mise à jour du 11 septembre : Au début de septembre, la BCE a revu à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie de la Zone euro. Le PIB de la zone devrait croître dans un intervalle allant de 1,4 % à 1,8 % cette année, selon la BCE; sa croissance pourrait se situer entre 0,4 % et 2,2 % en 2012, prévision qui laisse une marge importante pour faciliter une éventuelle correction lors de la prochaine révision dans trois mois. La révision à la hausse des perspectives de croissance, en juin dernier, apparaissait suspecte, comme je l'écrivais dans mon message du 10 juin.  
 

lundi 22 août 2011

Économie américaine : un diagnostic de récession à court terme serait prématuré

L'indice phare de la Réserve fédérale de Chicago, le Chicago Fed National Activity Index (CFNAI), nous indique aujourd'hui, le 22 août, que l'économie américaine progressait en juillet dernier encore en-deça de sa tendance historique. Cet indice ne laisse pas pour autant présager une nouvelle récession ou une baisse de l'activité économique à court terme. La moyenne mobile de l'indice était à -0,29 en juillet, une légère amélioration par rapport à juin; ce n'est que lorsqu'elle passe en-dessous de -0,7 qu'il y a vraisemblance de l'amorce d'une récession selon les experts de la Chicago Fed.

En outre, l'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs économiques avancés du Conference Board pointe encore vers une croissance, bien que modeste, aux États-Unis d'ici la fin de l'année, selon les données publiées le 18 août sur le site Internet de cet organisme. L'évolution récente de l'indice hebdomadaire des indicateurs avancés de l'Economic Cycle Research Institute (ECRI) n'a toutefois rien de bien rassurant (les données du 12 août sont les plus récentes); il vient plutôt alimenter le pessimisme ambiant, sans pour autant donner un signal clair quant à l'ampleur du ralentissement économique à venir au pays de l'oncle Sam.

La Réserve fédérale de Philadelphie a quant à elle rendu public, le 12 août, les résultats de son enquête trimestrielle auprès de 37 prévisionnistes sur les perspectives de l'économie américaine. Leurs estimations ont, sans surprise, été révisées à la baisse. La croissance du PIB américain ne serait plus que de 1,7 % en 2011, 2,6 % en 2012 et 2,9 % en 2013. Ce scénario, basé sur la moyenne des prédictions, laisse croire que la progression de l'activité économique sera insuffisante pour améliorer de façon significative le marché de l'emploi. Les prévisionnistes anticipent tout de même une baisse du taux de chômage; il passerait progressivement de 9,0 % en 2011, à 8,6 % en 2012 et à 8,1 % en 2013. Consultez aussi sur la probabilité d'une contraction économique au cours des prochains trimestres, les spécialistes l'évalue à près de 20 %, en hausse significative par rapport aux résultats de l'enquête trimestrielle précédente.

Tenant compte des estimations actuelles de la croissance du PIB américain au premier semestre et des statistiques récentes sur plusieurs indicateurs économiques, nous pouvons nous interroger sur la possibilité que la croissance atteigne cette année le 1,7 % mentionné ci-haut. Quant aux projections pour 2012 et 2013, elles pourraient bien être révisées de nouveau à la baisse, s'il n'y a pas de nouvelles mesures de stimulation de la croissance. Le spectre d'une nouvelle récession à court terme est cependant peu probable pour l'instant.

Mise à jour du 30 août : La confiance des consommateurs a poursuivi sa glissade en août selon les indices publiés par le Conference Board, aujourd'hui, et le Thomson Reuters/University of Michigan, le 26 août. Qui plus est, les cosommateurs sont encore plus pessimistes qu'auparavant quant aux perspectives économiques, ce qui n'augure rien de bon quant à l'évolution de leurs dépenses et leur impact sur l'activité économique.

lundi 8 août 2011

Perspectives économiques mondiales : signaux additionnels de ralentissement important de la croissance

L'OCDE a publié aujourd'hui, le 8 août, ses plus récents indices des indicateurs avancés de l'évolution de l'économie mondiale. Ces indices pointent de nouveau vers un ralentissement significatif de la progression de l'activité économique dans la plupart des pays membres de cet organisme ainsi que chez les principaux pays émergents.

En outre, l'indice des nouvelles commandes du JPMorgan Global Composite PMI, publié le 3 août, signale lui aussi une atténuation de la croissance économique mondiale dans les mois à venir. Les commandes manufacturières étaient légèrement en baisse en juillet, alors que le rythme d'expansion des commandes de services fléchissait.

Détails à : http://www.oecd.org/document/12/0,3746,fr_2649_34349_48494540_1_1_1_1,00.html
                 http://www.markiteconomics.com/Survey/Page.mvc/home

mardi 2 août 2011

Perspectives de l'économie américaine : signes avant-coureurs d'une croissance anémique

Le FMI, le Conference Board et la Banque du Canada sont parmi les organismes qui ont mis à jour, en juillet, leurs prévisions de croissance de l'économie américaine cette année et en 2012. Les plus récentes données du Bureau of Economic Analysis (BEA) sur le PIB américain, publiées le 29 juillet, vont les obliger à revoir à la baisse leurs plus récentes estimations, et à consulter de nouveau leur boule de cristal en tenant compte aussi de l'évolution récente de plusieurs indicateurs avancés.

Non seulement la production américaine n'a-t-elle pas augmenté autant que ce qui était prévu au cours du premier semestre de cette année, mais, de plus, les anticipations des consommateurs américains étaient en baisse en juillet, selon la plus récente enquête mensuelle de Thomson Reuters University of Michigan sur la confiance des consommateurs. En outre, l'indice des nouvelles commandes de l'enquête ISM auprès des gestionnaires d'approvisionnement suggère un changement de tendance dans l'activité manufacturière au cours des prochains mois ( il y a eu contraction des nouvelles commandes manufacturières en juillet). Quant aux indices des indicateurs avancés du Conference Board et de l'ECRI, leurs plus récents chiffres laissent présager une croissance modeste de l'activité économique au cours des mois à venir. L'évolution récente des marchés boursiers américains résume bien les sentiments des intervenants eu égard aux perspectives de croissance.

Ces temps-ci, les perspectives de l'économie américaine ressemblent beaucoup à celles d'il y a un an au moment où plusieurs craignaient l'arrivée prochaine de la deuxième phase d'une récession en W. Il aura fallu, l'automne dernier, l'anticipation et l'annonce par la Réserve fédérale américaine du QE2 (quantitative easing, phase 2) pour améliorer les perspectives de croissance.