mardi 4 décembre 2012

L'économie canadienne manque de souffle

La croissance de l'économie canadienne s'est atténuée au troisième trimestre, selon Statistique Canada (SC). La Banque du Canada demeure toutefois optimiste quant à ses perspectives de croissance. Pourtant, les feuilles de thé que sont les indicateurs avancés, laissent présager une faible croissance de l'activité économique au cours des prochains mois.

Le 30 novembre, SC nous indiquait que le PIB canadien n'a crû que de 0,1 % (0,6 % en taux annuel) au troisième trimestre de 2012, un ralentissement prononcé par rapport à la croissance déjà modeste des premier et deuxième trimestres.

Dans son communiqué du 4 décembre, la Banque du Canada «...s'attend à ce que la croissance s'accélère au cours de 2013.» On peut cependant mettre en doute cette prédiction. L'indice des indicateurs avancés de l'Institut Macdonald-Laurier a peu progressé ces derniers mois (0,2 % en octobre et en septembre, et 0,1 % en août), selon le communiqué émis par cet institut le 28 novembre. Cela laisse présager une croissance plutôt lente. L'indice équivalent de l'OCDE pointe vers une stabilisation de la croissance à un niveau inférieur à la tendance de long terme de l'économie canadienne. En outre, l'Indice PMI RBC, publié le 3 décembre sur le site Internet de Markit Economics, indique que l'activité dans le domaine de la fabrication était en novembre tout juste au-dessus de la ligne de démarcation entre l'expansion et la contraction. Le sous-indice des nouvelles commandes ne signale pas d'amélioration à court terme.

En octobre dernier, la Banque du Canada prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire que le PIB canadien croîtrait de 2,2 % en 2012 et de 2,3 % l'an prochain. Ces projections seront vraisemblablement révisées à la baisse dans l'édition de janvier prochain de ce rapport.


On peut commencer à se demander si, sans coup de barre de sa banque centrale, le Canada ne se dirige pas vers une période de stagnation des prix ou même de déflation. La progression des prix est assez faible ces temps-ci, et le scénario de croissance lente des économies mondiale et canadienne pourrait contribuer à atténuer encore davantage la progression des coûts et des prix. Rappelons que le déflateur du PIB (indice des prix des biens et services produits au Canada) a stagné au premier trimestre de cette année, qu'il a légèrement diminué au deuxième, mais qu'il a, par contre, augmenté au troisième. Quant à l'indice des prix à la consommation, son évolution sur douze mois se rapproche de la borne inférieure de l'intervalle de confort de la Banque du Canada; cet intervalle se situe entre 1 % et 3 %, l'objectif recherché étant un taux d’inflation de 2 %.

 

Plusieurs se demandaient, il y a quelques mois, si le Canada ne souffrait pas du mal hollandais. Doit-on maintenant s'interroger sur la possibilité qu'il contracte le mal japonais? Admettons que ce n’est que spéculation pour l'instant, mais en ces temps de morosité sur le plan économique, on ne peut négliger l’analyse de son occurrence potentielle.

 

Au traditionnel message de la Banque du Canada quant à  l’éventualité «…d’une réduction modeste de la détente monétaire…», n’est-il pas temps d’ajouter aussi la possibilité d’un plus grand assouplissement monétaire pour permettre à l’économie d’aller chercher un second souffle? Il est probablement difficile pour la Banque d’aller dans ce sens puisqu’elle ne publie qu’un scénario de référence et qu’il pointe vers une accélération de la croissance. Si elle publiait en plus un scénario à la baisse de la croissance, il lui serait moins difficile d’aborder l’éventualité d’une plus grande détente monétaire, comme le font d’ailleurs d’autres banques centrales. Dans son rapport trimestriel, elle se limite à présenter des risques à la hausse et à la baisse quant aux perspectives d’évolution de l’inflation, ce qui n’est pas suffisant dans le contexte d’incertitude que l’on connaît.