jeudi 19 avril 2012

Perspectives de l'économie mondiale, avril 2012

L’économie mondiale connaîtra une croissance relativement modeste en 2012. C’est ce que laissent croire les plus récentes «Perspectives de l’économie mondiale» du FMI publiées le 17 avril. Bien qu’il ait revu légèrement à la hausse son scénario de progression du PIB mondial par rapport à janvier dernier, cet organisme prévoit une croissance qui n’atteindrait que 3,5 % cette année; elle serait ainsi inférieure à celle de l’an dernier (3,9 %) et de 2010 (5,3 %). C’est évidemment mieux que durant la récession de 2008-2009, mais nettement moindre que durant la période d’expansion du milieu de la décennie précédente. La Banque du Canada, dans son Rapport sur la politique monétaire du 18 avril, retient aussi un scénario de légère amélioration des perspectives de l’économie de la planète, mais son estimation de la croissance n’est que de 3,2 %.

Le scénario de référence du FMI est conforme à ce que laissent présager les plus récents indices des indicateurs avancés de l’OCDE pour ses pays membres et les principaux pays émergents, les indices équivalents du Conference Board pour une dizaine d’économies ainsi que le JPMorgan Global Manufacturing & Services PMI, dont son indice des nouvelles commandes. L’évolution des prix des produits de base au cours des derniers mois vient aussi corroborer des projections de croissance modeste.

Ce sont surtout les perspectives pour la zone euro qui viennent brider la croissance mondiale. Bien que les économies américaines et japonaises soient sur une pente ascendante, ce sont les économies émergentes et celles en développement, prises globalement, qui croîtront le plus; leur rythme de progression (5,7 %) sera quatre fois plus rapide que celui des économies avancées (1,4 %) cette année, selon le FMI.

Les risques à la baisse par rapport au scénario de référence demeurent importants, selon le FMI, même s’ils se sont légèrement atténués au cours des derniers mois. Parmi les plus importants, cet organisme signale une détérioration des conditions économiques et financières dans la zone euro, l’incertitude géopolitique et ses éventuelles conséquences sur le prix du pétrole et des politiques macroéconomiques excessivement restrictives qui pourraient être mises en œuvre.

Tenant compte de la fragilité et de la magnitude de l’expansion, le FMI suggère la prudence sur le plan des politiques publiques. Il recommande, notamment, des efforts accrus pour juguler la crise dans la zone euro, une approche modérée sur le plan des restrictions fiscales, la poursuite de politiques monétaires très accommodantes et d’amples liquidités pour appuyer le secteur financier. 
  

lundi 16 avril 2012

L'emploi a-t-il diminué au Québec à la fin de 2011?

Oui, selon une enquête de Statistique Canada (SC); non, selon une autre enquête de cet organisme.

Selon l’Enquête sur la population active (EPA), le Québec aurait affiché une perte nette de 61 000 emplois d’octobre à décembre 2011, ce qui a suscité bien des commentaires et des émois. D’après l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures travaillées (EERH), l’emploi y est demeuré relativement stable, avec des variations mineures d’un mois à l’autre. Il est vrai que l’EPA inclut les travailleurs autonomes, contrairement à l’EERH. En les soustrayant, les pertes nettes d’emploi demeurent élevées : près de 46 000 emplois en moins, selon les données de l’EPA.

Comment expliquer les différences dans les résultats des deux enquêtes? SC nous indique dans son communiqué mensuel sur l’EERH que : «À la suite de différences conceptuelles et méthodologiques, les estimations des variations dans l'EERH et l'EPA divergent de temps en temps.» Cet organisme signale aussi dans son communiqué mensuel sur l’EPA que : «Les estimations tirées de l’Enquête sur la population active sont fondées sur un échantillon et sont donc sujettes à la variabilité d’échantillonnage.»

Comme les données de l’EERH proviennent d’un recensement d’entreprises (petites, moyennes et grandes, n’excluant que celles de l’agriculture, des services domestiques, des organismes religieux et le personnel militaire) à participation obligatoire, et celles de l’EPA d’un échantillon de ménages, ce sont, a priori, les résultats de l’EERH qui devraient prévaloir. En outre, comme la production de biens et services au Québec a augmenté, bien que de peu, au quatrième trimestre de l’an dernier, une stagnation de l’emploi, comme l’indique les données de l’EERH, est plus vraisemblable qu’une baisse.

Les pertes d’emploi se seraient arrêtées au Québec, selon l’EPA, en janvier et février derniers (de faibles hausses ont été enregistrées), alors qu’en mars il a connu une augmentation qui en a surpris plusieurs par son ampleur (36 400). Pouvons-nous comparer avec les données de l’EERH? Eh bien, il faudra attendre fin  mai prochain pour connaître les résultats de mars de celle-ci.

Comme quoi il faut être très prudent avant de sonner l’alarme. Lorsque nous nous trouvons à court d’explications pour expliquer les variations brusques et à court terme dans les statistiques sur l’emploi provenant de l’EPA, il vaut mieux attendre celles de l’EERH pour les confirmer ou les remettre en question. En outre, la publication par SC d’une moyenne mobile, sur quelques mois, serait utile pour mieux jauger la tendance de l’évolution de l’emploi, et ce, tant pour l’EPA que l’EERH.

Lorsque se manifeste la faiblesse de l’EPA liée à la variabilité de son échantillon, elle a tendance à s’auto-corriger avec le temps. Malgré cet inconvénient temporaire, l’EPA demeure une source pertinente et indispensable de renseignements sur l’évolution du marché du travail, dont le taux de chômage.  

lundi 9 avril 2012

Économie américaine : une expansion à vigueur variable

Après quelques mois de croissance soutenue, notamment en décembre, janvier et février derniers où l'activité économique a crû légèrement plus rapidement que la tendance de long terme selon le Chicago Fed National Activity Index, l'économie américaine a eu de la difficulté à maintenir son rythme d'expansion en mars. En témoignent les données récentes sur l'emploi et certains indices des enquêtes auprès des gestionnaires d'approvisionnement (les indices ISM). La confiance des consommateurs quant aux perspectives à court terme (indices des anticipations du Conference Board et de l'Université du Michigan) a fléchi quelque peu le mois dernier, ce qui est aussi un indicateur de fragilité ou d'incertitude.

Les perspectives de croissance demeurent toutefois bonnes au cours des prochains mois. L'évolution mensuelle et semestrielle de l'indice des indicateurs avancés du Conference Board pointe vers une croissance modérée de l'activité économique. Les indices des nouvelles commandes auprès des entreprises de la fabrication et des services laissent présager que l'expansion de la production se poursuivra à un bon rythme. L'indice hebdomadaire des indicateurs avancés de l'Economic Cycle Research Institute (ECRI) progresse lui aussi ce qui est de bon augure. Toutefois, le 15 mars dernier, cet organisme a maintenu son pronostic quant à l'imminence d'une nouvelle récession aux États-Unis en se basant sur l'évolution d'un ensemble d'indicateurs coincidents du cycle économique. Comme quoi rien ne peut être tenu pour acquis, notamment en matière de perspectives économiques.

Les autorités monétaires ne prennent aucune chance, et, face à une évolution incertaine de l'économie, elles maintiennent une politique monétaire très accommodante ou expansionniste, dans un contexte où les pressions inflationnistes sont contenues. La politique fiscale demeure également expansionniste afin de ne pas contribuer à fragiliser l'expansion économique et aussi en raison des difficultés à en venir à une quelconque entente au Congrès sur un scénario visant à contenir, à moyen terme, la progression du déficit budgétaire.