lundi 16 avril 2012

L'emploi a-t-il diminué au Québec à la fin de 2011?

Oui, selon une enquête de Statistique Canada (SC); non, selon une autre enquête de cet organisme.

Selon l’Enquête sur la population active (EPA), le Québec aurait affiché une perte nette de 61 000 emplois d’octobre à décembre 2011, ce qui a suscité bien des commentaires et des émois. D’après l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures travaillées (EERH), l’emploi y est demeuré relativement stable, avec des variations mineures d’un mois à l’autre. Il est vrai que l’EPA inclut les travailleurs autonomes, contrairement à l’EERH. En les soustrayant, les pertes nettes d’emploi demeurent élevées : près de 46 000 emplois en moins, selon les données de l’EPA.

Comment expliquer les différences dans les résultats des deux enquêtes? SC nous indique dans son communiqué mensuel sur l’EERH que : «À la suite de différences conceptuelles et méthodologiques, les estimations des variations dans l'EERH et l'EPA divergent de temps en temps.» Cet organisme signale aussi dans son communiqué mensuel sur l’EPA que : «Les estimations tirées de l’Enquête sur la population active sont fondées sur un échantillon et sont donc sujettes à la variabilité d’échantillonnage.»

Comme les données de l’EERH proviennent d’un recensement d’entreprises (petites, moyennes et grandes, n’excluant que celles de l’agriculture, des services domestiques, des organismes religieux et le personnel militaire) à participation obligatoire, et celles de l’EPA d’un échantillon de ménages, ce sont, a priori, les résultats de l’EERH qui devraient prévaloir. En outre, comme la production de biens et services au Québec a augmenté, bien que de peu, au quatrième trimestre de l’an dernier, une stagnation de l’emploi, comme l’indique les données de l’EERH, est plus vraisemblable qu’une baisse.

Les pertes d’emploi se seraient arrêtées au Québec, selon l’EPA, en janvier et février derniers (de faibles hausses ont été enregistrées), alors qu’en mars il a connu une augmentation qui en a surpris plusieurs par son ampleur (36 400). Pouvons-nous comparer avec les données de l’EERH? Eh bien, il faudra attendre fin  mai prochain pour connaître les résultats de mars de celle-ci.

Comme quoi il faut être très prudent avant de sonner l’alarme. Lorsque nous nous trouvons à court d’explications pour expliquer les variations brusques et à court terme dans les statistiques sur l’emploi provenant de l’EPA, il vaut mieux attendre celles de l’EERH pour les confirmer ou les remettre en question. En outre, la publication par SC d’une moyenne mobile, sur quelques mois, serait utile pour mieux jauger la tendance de l’évolution de l’emploi, et ce, tant pour l’EPA que l’EERH.

Lorsque se manifeste la faiblesse de l’EPA liée à la variabilité de son échantillon, elle a tendance à s’auto-corriger avec le temps. Malgré cet inconvénient temporaire, l’EPA demeure une source pertinente et indispensable de renseignements sur l’évolution du marché du travail, dont le taux de chômage.  

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