Les marchés financiers ont eu la trouille en janvier
dernier, et ils ont généré bien des inquiétudes quant à l’évolution de
l’économie mondiale. Il n’en faillait pas plus pour que certains observateurs y
voient l’avènement de la troisième phase de la crise financière débutée en
2007-2008, à la différence, cette fois-ci, que son épicentre se trouverait dans
les économies émergentes, alors qu’il se situait aux États-Unis au cours de la
première et en Europe au moment de la deuxième. Ces jours-ci un calme relatif
s’est installé, et il peut être intéressant d’examiner les perspectives à court
terme à partir des indicateurs avancés (IA) de l’évolution de l’économie.
Les IA retenus par l’OCDE «…continuent de signaler une
amélioration des perspectives de croissance dans la plupart des économies
avancées», selon le communiqué émis par cet organisme le 10 février dernier. Ceux
pour la Chine, le Brésil et la Russie laissent présager une croissance qui avoisinera
leur tendance respective de long terme, alors qu’en Inde, elle sera inférieure
à la tendance.
Le HSBC Emerging
Market Index, aussi publié le 10 février, mais sur le site Internet de Markit Economics, indique un
ralentissement de la croissance en ce début d’année, et le sous-indice des
nouvelles commandes laisse croire que ce fléchissement se poursuivra à court
terme. Rien dans cet indice, désormais mensuel, ne laisse cependant présager
que les principales économies émergentes, prises dans leur ensemble, soient au
bord du gouffre. Toutefois, la situation demeure préoccupante pour les
économies les plus fragiles.
Les indices mensuels des IA du Conference Board pour douze pays, dont la Chine, l’Inde et le
Brésil, et la zone euro indiquent que la croissance sera au rendez-vous au
cours des prochains mois, bien que son rythme ira de modeste à modéré dans la
grande majorité des cas.
Quant au JPMorgan
Global Manufacturing & Services PMI, publié le 5 février, il montre que
la production et les nouvelles commandes reçues en janvier dernier chez les
producteurs de biens et services augurent d’une croissance modérée de
l’activité économique mondiale. La fabrication fait mieux que les services ces
temps-ci, bien que ces deux grands domaines d’activité contribuent à
l’expansion.
Au Canada, les perspectives révélées par les IA de l’OCDE
pointent vers une croissance qui se rapproche de la tendance de long terme.
L’autre indice de référence, celui de
Philip Cross, maintenant publié par le Conference Board du Canada, laisse
présager une croissance plutôt modeste au cours du premier semestre de cette
année. Ainsi, pour l’instant, les projections de croissance de l’économie
canadienne apparaissent légèrement optimistes. Le Budget du gouvernement
fédéral, présenté le 11 février, se base sur une croissance de 2,3 % du PIB
réel; en janvier, la Banque du Canada prévoyait 2,5 % et le FMI, 2,2 %; les
projections des organismes consultés par The
Economist (édition du 8 février) se situent dans un intervalle allant de
2,0 % à 2,8 %.
Au Québec, l’Indice précurseur Desjardins, publié le 12
février, pointe vers une amélioration des perspectives économiques. Les
projections de croissance du PIB réel cette année se situent à plus ou moins 2
%.
Pour revenir à l’économie mondiale, le FMI et la Banque
mondiale prévoient une croissance de 3,7 % de son PIB réel cette année, et le Conference Board l’estime à 3,5 %, soit mieux
que l’an dernier (près de 3 %). Toutefois, il ne faut pas négliger les risques
entourant ces projections, et garder à l’esprit le titre de l’éditorial de The Economist dans son édition du 8
février : «The worlwide wobble»
avec en sous-titre «The world economy
will have a bumpy 2014. But the recovery is not, yet, at risk».