lundi 9 juin 2025

Coup d'oeil à l'économie mondiale, juin 2025

 Bien que modestement, l'économie mondiale était en expansion en mai dernier et ce, pour un 28ième mois consécutif, selon le J.P. Morgan Global Composite PMI publié le 5 juin par S&P Global.

En outre, l'OCDE prévoit une croissance réelle de 2,9 % du PIB mondial en 2025 et l'année suivante, soit un rythme de progression inférieur à celui de 2024 (3,3 %), selon ses plus récentes projections publiées le 3 juin. L'incertitude liée à la politique commerciale expliquerait ce ralentissement. Fin avril dernier, le FMI révisait, lui aussi, à la baisse ses prévisions pour cette année (2,8 %) et l'an prochain (3,0 %). Ses économistes signalent l'intensification de risques à la baisse.


mercredi 28 mai 2025

La stabilité financière au Canada et dans le monde

Au Canada, Le « Rapport sur la stabilité financière - 2025 »   a été publié le 8 mai par la banque centrale. En voici des extraits :  

« Au cours des 12 derniers mois, le niveau de la dette des ménages canadiens par rapport à leur revenu a baissé en moyenne, et le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par les entreprises a considérablement diminué. »

« Comme les ménages et les entreprises du Canada sont demeurés résilients dans l’ensemble, les institutions financières n’ont pas subi de tensions. Les banques canadiennes ont généralement maintenu des niveaux élevés de réserves de fonds propres et ont augmenté leurs provisions pour pertes sur créances. Les niveaux de liquidité sont restés élevés et l’accès au financement est demeuré solide. »

« Au début de 2025, la résilience du système financier s’était encore améliorée. Toutefois,



En outre, à la mi-avril dernier, le FMI résumait ainsi son rapport sur la stabilité financière dans le monde « Les risques qui pèsent sur la stabilité financière mondiale ont augmenté de façon significative, en raison du durcissement des conditions financières et de l’augmentation de l’incertitude sur les plans commercial et économique. »

Lien vers le « Rapport sur la stabilité financière dans le monde »

Risques accrus et incertitudes sont, sans surprises, les mots à retenir de ces rapports.  

dimanche 18 mai 2025

Schumpeter selon Heilbroner

 Robert L. Heilbroner présente Joseph A. Schumpeter (JAS) « …as one of the most imaginative of the worldly philosophers. ». Il en remet en ajoutant qu’il était certainement « …a great visionary… », malgré, parfois, ses contradictions.

Pour JAS, le capitalisme est dynamique et orienté vers la croissance. Une dépression ou une récession n’est qu’une douche froide. Contrairement à Keynes, il ne voit pas la nécessité de dépenses gouvernementales pour stimuler l’économie en période de ralentissement, sauf pour en atténuer ses bouleversements sociaux. 

JAS publie, à 27 ans, « The Theory of Economic Development ». Elle est devenue, selon Heilbroner, « …one of the most influencial interpretations of capitalism ever written. ». Il y met l’accent sur l’importance cruciale des entrepreneurs et de l’innovation dans le progrès économique.

La dépression économique des années 1930 aidant, JAS s’est intéressé aux cycles économiques. Il publie, en 1939, « Business Cycles », œuvre en deux tomes totalisant quelque mille pages. Il y identifie trois cycles : ceux de courte durée, ceux d’une durée de sept à onze ans et ceux d’une cinquantaine d’années. Selon lui, durant la Grande dépression, ces trois cycles ont atteint un creux accentué par l’absence de politiques économiques adéquates et par les répercussions de la Révolution russe.

En 1942, JAS publie « Capitalism, Socialism and Democraty » un livre qui a changé « … the way we think about the system », selon Heilbroner. JAS y envisage, entre autres, l’avenir du capitalisme. Il prévoit qu’il ne survivra pas, malgré ses succès. Selon lui, l’aventure entrepreneuriale va s’estomper pour des raisons sociologiques, et l’innovation va s’institutionnaliser et devenir routine. (Dans ses commentaires et aidé par le temps, Heilbroner n’hésite pas à remettre en question cette prédiction.)  C’est dans ce livre aussi que JAS présente clairement le phénomène de la « destruction créatrice » en économie.

Malgré l’importance de l’œuvre, Heilbroner n’écrit que quelques mots sur « Histoire de l’analyse économique » de JAS. Il la décrit tout de même ainsi : « …a magesterial survey of economic thought… ».

Dans l’Histoire et dans ses cours, JAS, modeste, ne dit mot quant à sa contribution à l’évolution de la pensée ou de l’analyse économiques, ce qui, semble-t-il, frustrait ses collègues et ses étudiants.

Enfin, ajoutons que voulant signifier l’importance de la contribution de Schumpeter, la revue The Economist a donné son nom à sa chronique hebdomadaire sur les affaires, où il est question, en particulier, d’entreprises innovantes.





 

Source : Heilbroner, Robert L. « The Worldly Philosophers - The Lives, Times, and Ideas of the Great Economic Thinkers ». 7ième édition révisée, Simon & Schuster, 1999. Pages 288 à 310.


samedi 8 février 2025

Coup d'oeil à l'économie mondiale, février 2025

 En janvier dernier, l'économie mondiale poursuivait son expansion, mais à un rythme moins soutenu qu'auparavant, selon les résultats des enquêtes auprès des gestionnaires d'approvisionnement (PMI), publiées le 5 février par J.P. Morgan et S&P Global. 

Selon Pierre-Olivier Gourinchas du FMI, l'économie mondiale devrait croître de 3,3 % cette année et en 2026, soit à un rythme semblable à son potentiel estimé. Il signale que « Même si les perspectives de la croissance mondiale restent globalement inchangées par rapport à octobre dernier, les disparités entre les pays s'accentuent. » 

Sans surprise, l'incertitude quant à l'évolution à court terme de l'économie mondiale demeure élevée à maints égards, en particulier sur le plan de la politique commerciale.

dimanche 8 septembre 2024

Adam Smith (1723-1790), selon Pauchant, Heilbroner et Schumpeter

 

Adam Smith est le « …. père fondateur de l’économie politique », selon Thierry C. Pauchant. « …Smith was much more than just an economist. He was a philosopher-psychologist-historian-sociologist who conceived a vision… », selon Robert L. Heilbroner. Il est le « … personnage le plus fameux de tous les économistes… », même si « l’économie n’était qu’une partie de son œuvre », selon Joseph A. Schumpeter.

Examinons ici de façon succincte ce que ces trois auteurs retiennent de particulier dans leur analyse des écrits de Smith.

Pauchant

Ce grand personnage serait « l’antidote ultime au capitalisme », selon Pauchant. Cet auteur insiste sur la falsification de la pensée de Smith par, entre autres, des intégristes du laissez-faire. Il met en évidence l’importance que Smith accorde à ce que l’économie offre des revenus ou des moyens de subsistance au peuple et de quoi rendre les citoyens capables de développer leurs talents, leurs projets et d’atteindre leurs objectifs personnels ou sociaux.

L’État est loin d’être exclu de la pensée de Smith : il préconise de lui donner des moyens suffisants d’assurer les services publics, services qui vont « … bien au-delà de la défense nationale et de l’administration de la justice. » Ce qu’il est convenu d’appeler de nos jours l’économie sociale occuperait une place de choix dans les écrits de Smith.

Aussi, Smith était « … résolument contre l’impérialisme, le colonialisme et l’esclavagisme. », toujours selon l’analyse de Pauchant.

Enfin, le « capabilisme », inspiré des écrits de Smith, retiendrait l’attention de bien des auteurs ces années-ci, dont Pauchant qui en fait un thème majeur de son essai.

Heilbroner

L’esprit de synthèse de Heilbroner sur la vie et l’œuvre de Smith est remarquable. Il réussit le tour de force de présenter une biographie concise et une vue d’ensemble de sa contribution intellectuelle en un peu plus d’une trentaine de pages.

Smith observe et décrit l’économie britannique au dix-huitième siècle, avant l’avènement de la révolution industrielle, révolution teintée en particulier d’abus marqués envers les travailleurs. Il a consacré douze ans de sa vie à rédiger les centaines de pages de « The Wealth of Nations ».

Bien des concepts comme l’économie de marché, la concurrence et le laissez-faire font partie de l’analyse économique avant Smith. Sa contribution originale, selon Heilbroner, a été de présenter une vision d’ensemble :

« …the great panorama of the market remains as a major achievement. To be sure, Smith did not discover the market ; others had preceded him in pointing how the interaction of self-interest and competition brought about the provision of society. But Smith was the first to understand the full philosophy of action that such a conception demanded, the first to formulate the entire scheme in a wide and systematic fashion. He was the man who made England, and then the whole western world, understand just how the market kept society together, and the first to build an edifice of social order on the understanding he achieved. »

« Indeed, The Wealth of Nations and The Theory of Moral Sentiments, together with his few other essays, reveal that Smith was much more than just an economist. He…conceived a vision that included human motives and historic stages and economic mechanisms…From this viewpoint, The Wealth of Nations is more than a master work of political economy.  It is part of a huge conception of the human adventure itself. »

Schumpeter

Adam Smith est parmi les auteurs les plus cités de l’histoire de l’analyse économique de Schumpeter. Il y souligne sa contribution à l’évolution des connaissances. Il se distingue en faisant largement état de là où le temps et les analyses ont donné raison à Smith, et de là où les remises en question et les critiques ont pu démontrer qu’il avait tort. Des commentaires et des critiques sur l’œuvre de Smith « …sont éparpillés dans tous les traités économiques et les travaux du XIXe siècle; ce sont eux qui constituent le véritable monument à la gloire de Smith, l’économiste scientifique. », scientifique qui toutefois « …n’aimait guère ce qui allait au-delà du simple bon sens. », toujours selon cet auteur.

Preuve de l’attrait de l’œuvre de Smith, Schumpeter indique que, déjà avant la fin du dix-huitième siècle, The Wealth of Nations avait connu neuf éditions anglaises, sans compter celles publiées en Irlande et aux États-Unis, et elle avait été traduite en danois, en flamand, en français, en allemand, en italien et en espagnol. S’ajouta une version en russe au début du siècle suivant.

Smith devint en quelque sorte le professeur des professeurs, selon Schumpeter. Il constituait le point de départ de leur enseignement, même de ceux dont la contribution allait, ultérieurement, à certains égards, au-delà de celle du grand maître.

En somme, Smith observe, il décrit, il analyse et il conçoit des lois de la nature, tout en s’inspirant des écrits de ceux qui l’ont précédé. Son œuvre est dense et nuancée, ce qui laisse place à bien des interprétations en fonction des intérêts particuliers de ceux qui en font une lecture tronquée. Il s’abstient, aussi, de jouer au prophète, contrairement à Karl Marx au dix-neuvième siècle.

P.S. : Les paragraphes qui précèdent ne sont qu’un commentaire de lecture. Ils ne donnent qu’un bien mince aperçu du contenu des trois sources mentionnées ci-dessous.

Pauchant, Thierry C. « Adam Smith, l’antidote ultime au capitalisme Sa théorie du capabilisme ». Dunod, 2023. 169 pages

Heilbroner, Robert L. « The Wordly Philosophers » chapître intitulé « The Wonderful World of Adam Smith ». Simon & Schuster, 1999 (7ième édition). Pages 42 à 74.

Schumpeter, Joseph Alois. « Histoire de l’analyse économique ». Éditions Gallimard, 1983. Trois tomes, plus de 1 600 pages. (La version originale en anglais a été publiée en 1954.)

samedi 22 juin 2024

Économie du Québec : retour de la croissance en 2024 et en 2025

 Après une stagnation en 2023, l'économie québécoise devrait retrouver le chemin de la croissance en 2024 et en 2025. Son PIB réel devrait progresser de 0,7 % cette année et de 1,5 % l'an prochain, selon les Prévisions économiques et financières de Desjardins publiées le 20 juin.

D'ailleurs, l'Indice précurseur Desjardins « s’accélère et pointe vers une relance de l’économie du Québec », selon Hélène Bégin, économiste chez cette institution financière.

dimanche 28 janvier 2024

États-Unis : l'expansion de l'économie se poursuit

 Le PIB réel des États-Unis a progressé de 0,8 % (3,3 % en rythme annualisé) au quatrième trimestre de l'an dernier. Il a crû de 2,5 % pour l'ensemble de 2023, selon l'estimation préliminaire du Bureau of Economic Analysis.

Les données préliminaires  des enquêtes mensuelles de S&P Global auprès des gestionnaires d'approvisionnement des entreprises (PMI), pour janvier, indiquent que l'expansion continue, en raison, en particulier, de la bonne tenue des industries de services.

Toutefois, l'indice des indicateurs précurseurs  de l'évolution de l'économie du Conference Board laisse présager l'imminence d'une récession pour un vingtième mois de suite. La question se pose quant à la fiabilité, pourtant reconnue depuis longtemps, de cet indice ces temps-ci. Un article de Jason Kirby et Matt Lundy, publié le 29 décembre dernier, en page B-3 du Globe and Mail, est particulièrement intéressant à cet égard. 

Mise à jour du 17 février

Les 34 prévisionnistes, consultés par la Réserve fédérale de Philadelphie, prévoient une croissance de 2,4 % du PIB réel (médiane des prévisions) des États-Unis en 2024. L'estimation précédente était à 1,7 %.


 



 

dimanche 9 juillet 2023

États-Unis : l'expansion continue, mais le scénario d'une récession n'est pas écarté

 L'Indice des indicateurs avancés  de l'évolution de l'économie américaine du Conference Board était, en mai dernier, en baisse pour un quatorzième mois consécutif. Selon les économistes de cette organisation, il s'agit, depuis plusieurs mois, d'un signal de l'imminence d'une récession. 

Pourtant, l'expansion de l'économie américaine, amorcée au lendemain de la récession de la pandémie, suit son cours. La création nette d'emplois a continué de progresser en juin dernier. Les enquêtes mensuelles auprès des gestionnaires d'approvisionnement des entreprises privées (PMI) indiquaient, encore en juin, que l'économie poursuit son expansion. En outre, les commandes obtenues par les entreprises laissent croire qu'il en est de même en juillet.

La fiabilité de l'indice des indicateurs avancés, établie depuis longtemps, soulève des interrogations ces temps-ci, puisque la récession anticipée depuis bien des mois ne se matérialise pas. Peut-être est-ce parce qu'il est moins bien adapté à une situation où la fabrication se contracte, alors que les services continuent de progresser à un bon rythme. Quoi qu'il en soit, les analystes du Conference Board prévoient l'occurrence d'une récession au cours de ce semestre-ci, et elle se poursuivrait jusqu'au premier trimestre de 2024.

Communiqué du 22 juin dernier sur l'Indice des indicateurs avancés du Conference Board  

Communiqué du 7 juillet du Bureau of Labor Statistics sur l'emploi

S&P Global US Composite PMI, July 6


dimanche 16 avril 2023

Économie mondiale : perspectives à court terme, selon le FMI

 Lutte à l'inflation, perturbations financières, tensions géopolitiques, dont l'invasion russe en Ukraine, et reliquats de trois ans de pandémie pèsent sur les perspectives économiques à court terme, selon le Fonds monétaire international (FMI). En 2023, les pays émergents et en développement, pris comme un tout, pourraient connaitre une progression de 3,9 % de leur production et les pays avancés de seulement 1,3 %. Il en résulterait une croissance de 2,8 % du PIB réel mondial, toujours selon le FMI. En 2024, il y aurait une modeste amélioration, la croissance mondiale étant estimée, pour l'instant, à 3,0 %.

Lien vers les Perspectives de l'économie mondiale, publiées en avril 2023

dimanche 19 mars 2023

Les risques de récession aux États-Unis

 Les risques de récession sont encore bien présents aux États-Unis, selon les indicateurs précurseurs de l'évolution de l'économie de ce pays. En effet, l'indice des indicateurs avancés du Conference Board s'est de nouveau inscrit en baisse en février dernier, d'après les données publiées le 17 mars par cet organisme. Huit des dix indicateurs de cet indice étaient en baisse ou au neutre le mois dernier.